Dans l’acte sexuel, l’instant du préservatif peut se révéler complexe. Un auditeur s’inquiète : à chaque fois qu’il doit mettre un préservatif, il perd son érection. Catherine Blanc, psychologue et psychanalyste à Paris, lui répond vendredi dans "Sans Rendez-vous" sur Europe 1. Pour elle, ce n’est pas le préservatif qui est en cause mais les inquiétudes et fantasmes existants autour du fameux objet en latex. Pourtant, ce rituel, nécessaire, peut être érotique.
La question de Nicolas
"Mes relations sexuelles se sont toujours bien passées quand j’étais en couple. Mais depuis que j'enchaîne les coups d’un soir, je perds l’érection à chaque fois que je dois mettre un préservatif. Comment faire pour que ça n’arrive plus ?"
La réponse de Catherine Blanc
"Il y a souvent une anxiété, c’est-à-dire la peur de ne pas savoir mettre le préservatif ou de mettre trop de temps donc que l’érection se perde, ou de se claquer la capote sur le pénis. Tout cela est assez banal. Cela pose la question de comment on s’y prend mais aussi de ce qu’on projette. Il peut y avoir une idée d’étouffement, d’enfermement, c’est un peu comme si on se mettait sur soi et qu’on allait étouffer. Alors, on ressent de l'angoisse, on prend la tangente et on débande pour fuir le problème.
Mais si certains ont une angoisse d’être étouffé, trop serré etc, pour d’autres c’est tout le rituel qui peut se révéler anxiogène. Comme si tout le monde devait savoir enfiler un préservatif, à une main, les yeux fermés, très excités donc sans cerveau. Quand on est dans cet état là, nous ne sommes pas très conscients, or là il faut être techniquement opérationnel. Mais ce moment peut être l’occasion de s’amuser. Il faut accepter de 'gâcher' quelques préservatifs, et que ce ne soit pas une occasion d’anxiété.
Ce problème concerne-t-il plus les jeunes hommes ?
Pas nécessairement ! Ici, l'auditeur reprend le préservatif car il a des relations de courtes durées. Ce n'est pas forcément une habitude. Les jeunes gens, notamment la dernière génération, sont nés avec ce rituel du préservatif. Il fait parti de la sexualité. Passée la difficulté des premiers temps, où il faut cumuler difficulté du préservatif et de la pénétration, cela devient un rituel assez facile. Généralement le préservatif pas à l’autre bout de la pièce, il est plutôt sur la table de chevet, accessible. Ce qui n’est pas toujours super sexy surtout que nous ne sommes pas obligés d’aller au terme.
Est-ce différent d'une panne ?
Il faut qu’on arrête de penser qu’une perte d’érection c’est grave. C’est la vie d’un pénis normalement constitué. Il bande, débande. C’est un jeu, même pour la partenaire. Cela peut être agréable de voir le cheminement d’un pénis, et même d’y participer. Il ne faut pas le vivre douloureusement, une perte d’érection amène un nouveau jeu, un nouveau rituel. Ce n’est pas nécessairement l’homme qui met sur lui-même le préservatif, cela peut être son ou sa partenaire. C’est tout ce qu’on a dans la tête qui risque de perturber l’érection, mais ne trouvons pas cette excuse pour ne pas mettre de préservatif."