C’est une peur répandue chez beaucoup d’hommes : le "coup de la panne". Les problèmes d’érection sont pourtant "inévitables", selon le docteur Damien Mascret, chroniqueur dans l’émission "Sans rendez-vous" sur Europe 1. Mais même si ce phénomène peut arriver à n’importe quel homme, il n’est ni dramatique en soit, et ne constitue pas plus une fatalité.
"Oui, c'est inévitable. Beaucoup d'hommes restent malheureusement avec le modèle de l'érection qu'ils avaient lorsqu'ils étaient ados : quelque chose d'automatique, très ferme et durable. C’est le modèle idéal, si on peut dire, mais c’est un fantasme. Cela dure un certain temps, évidemment, mais cela induit surtout ce qu'on appelle 'la pression de performance'. Il y a une idée reçue qui circule aussi bien chez les hommes que chez les femmes, selon laquelle l'érection serait finalement le thermomètre fidèle de l'excitation. Or, ça n'est pas le cas.
On peut très bien avoir beaucoup d'excitation sans avoir d'érection. Et à l'inverse, on peut avoir d'ailleurs des érections tout à fait raisonnables alors que l'excitation n'est pas très importante. Donc, il faut abandonner cette idée. Il faut surtout passer à une autre idée reçue, celle qui est par comparaison avec l'érection de l’ado, est appelée 'l'érection de la maturité'.
Donc c’est un problème plus fréquent chez les seniors ?
Déjà, pour être plus précis, on parle de séniors à partir de 60 ans. Mais les problèmes d’érection dépendent des gens. En tout cas, l'érection est moins spontanée, c'est sûr. Elle est moins rapide aussi à obtenir. Elle est plus fluctuante. Je vais y revenir dans un instant. En gros, elle est moins prévisible. Mais ce qui est sûr, c'est que là où effectivement, quand on est jeune, il suffit d'une certaine excitation mentale pour que l'érection se déclenche, quand on est plus âgé, on va avoir effectivement besoin de stimulation physique directes, que le pénis soit stimulé pour que l'érection se déclenche.
Cependant ce sont des schémas, il peut y avoir des contre exemples. Mais ce qui est sûr, c'est que si on fonctionne avec cette idée, cette pression de la performance, on va augmenter son anxiété. Or on sait très bien que plus l'anxiété augmente, plus ça va freiner l'érection. Donc, ça n'est évidemment pas une bonne solution. C'est souvent à ce moment-là que les hommes, évidemment, vont consulter.
Pour ceux qui acceptent ce que j'appellerais 'l'autonomie du pénis', c'est-à-dire que le pénis fait ce qu'il veut et que l'érection est fluctuante, ça se passe beaucoup mieux.
Parce qu'effectivement, si vous avez l'excitation mentale ou la stimulation physique qui baisse en dessous d'un certain seuil, il se passe quelque chose de physiologique. Il y a une sorte de garrot interne dans le pénis quand il est en érection, mais quand on passe en dessous d'une certaine rigidité, ce garrot peut d'un seul coup être levé et l'homme peut perdre son érection. A l'inverse, s'il y a une pression dans le pénis, très importante au départ et que l'érection est très ferme, même si l'excitation baisse un petit peu ou parce qu'on change de position, ça n'atteindra pas ce seuil et on ne perdra pas son érection. Mais le plus souvent, effectivement, les hommes perdent au moment de ces fluctuations.
Que peut-on faire en cas de panne ?
D'abord, il faut accepter cette idée que l'érection fluctue. C'est valable pour les deux partenaires. Et puis, il faut aussi s'interroger sur ce qu'on attend de l'acte sexuel. Parce que si l'un ou l'autre attend effectivement un modèle performatif avec une érection puissante, on considère que l'important dans le rapport sexuel, c'est la pénétration.
Et bien là, il va falloir travailler sur ce qu'on appelle les 'jeux de rôles', 'les jeux d'inversion'. On dit souvent à l'homme : ‘et si c'est votre femme qui, d'un seul coup, vous dit que ça devient douloureux ? Qu'est-ce que vous faites ? Est-ce que vous voudriez absolument continuer ou vous passerez à autre chose ?’ Faites la même chose : détendez-vous de ce côté-là. N'oubliez pas que la sexualité, c'est un jeu d'équipe pour adultes, on travaille ensemble.
Y’a-t-il des médicaments qui favorisent l’érection ?
Dans certains cas, on peut avoir recours aux médicaments. Mais c'est surtout intéressant lorsque la pression de performance est particulièrement élevée. Parce qu’effectivement, on va lever cette anxiété dont je parlais et qui est un frein à l'érection. Mais ça ne déclenche pas l'érection. Certains pensent que ces médicaments déclenchent l'érection, alors qu'en réalité, ils ne font simplement que retarder le retour à la fluidité du pénis après l'érection, tant qu'ils ne vont pas être initiateurs de l'érection, mais simplement retarder la perte de l'érection.
Certains ont l'impression quand ils testent ces médicaments qu’ils sont initiateurs et qu’ils déclenchent leur érection. Mais ça n'est pas le cas, c'est simplement un effet placebo parce qu'ils ne sont plus anxieux à l'idée de ne pas avoir l'érection, de ne pas satisfaire leur partenaire. Ce schéma performatif, que je condamne un petit peu, ça va être levé. C'est pour ça que l'érection va se déclencher plus facilement."