LA QUESTION SEXO - Les seniors peuvent-ils encore avoir une sexualité ?

Couple personnes âgées retraités vieux
Les personnes âgées ont-elles encore une sexualité ? © Pixabay
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Catherine Blanc, sexologue
Dans l'émission "Sans Rendez-vous" sur Europe 1, la sexologue Catherine Blanc répond à la question d'une auditrice qui s'interroge sur la vie intime de sa mère, septuagénaire et placée en maison de retraite. Cette dernière n'imagine pas possible la sexualité chez les personnes âgées. 

Existe-t-il un âge limite pour avoir des rapports sexuels ? Catherine Blanc, sexologue à Paris, répond à la question d'Odile sur ce sujet, dans l'émission santé d'Europe 1 "Sans Rendez-vous". Cette dernière s'interroge sur la vie intime de sa mère, 78 ans et placée en maison de retraite, qui vient de rencontrer un compagnon de son âge et assure avoir des rapports sexuels avec ce dernier. Problèmes physiques, clichés négatifs, méconnaissance sur le sujet, la professionnelle de santé déconstruit les préjugés autour de la sexualité chez les personnes âgées.

La question d'Odile

"Ma mère a 78 ans. Elle est en maison de retraite et veuve depuis un certain temps déjà. Elle a trouvé un amoureux et m'explique qu'ils ont des rapports sexuels. Est-ce que vous pensez que c'est possible ? Est-ce qu'elle se prend pour une adolescente ?"

La réponse de Catherine Blanc

"D'avoir une pulsion sexuelle, c'est tout à fait merveilleux puisque c'est une pulsion de vie. C'est donc une femme qui n'a pas éteint ce lieu qui est sa génitalité. D'ailleurs, c'est toujours extrêmement touchant de voir et d'entendre les personnes âgées sur ce sujet. Encore que cette femme n'a que 78 ans, au nom de quoi elle ne pourrait pas être animée de désirs émotionnels, donc amoureux, et que cela donne lieu à une excitation et une envie de répondre à cette excitation de la sexualité ?

Pourquoi en vieillissant le rapport sexuel devient honteux, alors qu'il est considéré comme normal plus jeune ?

"Parce que nous avons tendance à réduire la sexualité à une fonction de procréation. A partir du moment où les gens ne sont plus fertiles, on considère qu'ils n'ont plus lieu d'être sur ce territoire-là. Ce qui arrange bien évidemment la jeunesse, qui a peur de partager un territoire, parce que ça serait incestuel que de sentir plusieurs générations de concerts en actions sexuelles.

Du coup, ça devient les vieux qui sont des gros pervers, qui sont libidineux parce qu'on les imagine avoir des regards sur la jeunesse. Mais c'est la jeunesse qui s'imagine que le seul fait que la vieillesse soit active sexuellement les sollicite personnellement.

Les problèmes physiques n'empêchent-ils pas les rapports sexuels à plus de 70 ans ? 

De toute façon, les problèmes techniques n'annulent pas les désirs, ni tout l'art de les contourner. Bien sûr qu'il peut y avoir des pertes d'érection, mais ce n'est pas parce qu'un pénis n'est pas en érection, qu'il n'est pas sensible et qu'on ne peut pas s'en amuser. La dame peut avoir des problèmes de lubrification, mais cela existe déjà sur la génération femmes qui seraient ménopausées ou pré-ménopausées. Et on sait très bien que la génération des quinquagénaires sait très bien s'en débrouiller. 

Donc, même physiquement, au niveau des articulations ou de la souplesse, c'est presque un jeu. Ce sont deux personnes du même âge, qui s'adaptent et qui vont se rencontrer dans la réalité de leur corps et du respect de ces corps-là.

Est-ce qu'on n'a pas moins de désir lorsqu'on a 80 ans ?  

Pas du tout. D'ailleurs, souvent dans les maisons de retraite, lorsque certaines personnes n'ont plus toute leur tête, elles parlent beaucoup de sexualité. Elles n'ont plus de notion de pudeur ou de raisonnement. Les seniors parlent, rêvent beaucoup sexualité. Et c'est là qu'on découvre combien cette dernière est présente de bout en bout dans la vie, d'une manière plus ou ou moins corporel, fantasmatique.

Mais c'est cela qui est très touchant. Vous parlez à des femmes de leur sexualité, de leur jeunesse, c'est étonnant de voir combien elles réveillent leurs souvenirs et que c'est encore très palpable dans leurs corps."