Vie de couple harmonieuse et sexualité épanouie sont-elles forcément liées ? C'est la question que se pose Clara, une auditrice d'Europe 1. En couple depuis deux ans, elle aime son compagnon, mais confie ne pas vraiment avoir de désir de relations sexuelles avec ce dernier, ce qui la fait s'interroger sur leur avenir commun. Dans Sans rendez-vous, la sexologue Catherine Blanc a rappelé que ce genre de situation était fréquente, et que le plus important restait de trouver son épanouissement personnel, sans se sentir obligé d'avoir des rapports sexuels pour satisfaire son conjoint.
La question de Clara
Avec mon copain, on est en couple depuis 2 ans. Tout se passe bien au niveau sentimental, mais je ne ressens pas le besoin d'avoir des rapports sexuels avec lui. Notre couple peut-il durer sans vie sexuelle ?
La réponse de Catherine Blanc
C'est quelque chose de fréquent. On est dans une société qui hypersexualise tout, donc on a le sentiment que c'est le sujet de tout le monde, la compétence de tout le monde. Or, la réalité est bien autre, parce que dans une société hyper sexualisée, on rentre tambour battant, parfois trop jeune, dans des sujets que l'on ne maîtrise pas, que l'on ne comprend pas. Et bien souvent, ça nuit à notre compétence à créer tranquillement une relation à son corps, à son sexe, à l'autre et au sexe de l'autre.
Donc beaucoup de couples se retrouvent dans pareille situation, même chez les jeunes. On croit que la sexualité défaillante, c'est en vieillissant, mais on le retrouve également chez des jeunes. Il y a même des couples qui se marient dans ces conditions et qui peuvent avoir une vie maritale avec peu ou pas de sexualité.
Le couple peut-il tenir ?
Oui, car c'est la rencontre de deux individus qui ont trouvé dans cet accord, dans ce compromis, le moyen de se protéger de quelque chose de plus anxiogène, de plus difficile. Si ce couple est ensemble, sans sexualité, depuis deux ans, c'est que les deux ont un intérêt. Quand bien même ce serait Clara qui aurait une difficulté à aller vers la sexualité, le fait qu'elle ait un partenaire qui s'accommode de cela depuis deux ans, cela montre qu'il a lui aussi un bénéfice à cette situation.
Le conjoint ne risque-t-il pas d'être infidèle ?
Bien sûr qu'il y a des couples qui se séparent pour ça, car notre société nous enjoint à vivre la sexualité envers et contre tout, et de façon particulièrement gourmande et importante. Donc oui, certains, poussés par l'injonction sociale, par questionnement personnel ou par désir, ont besoin d'aller voir ailleurs.
Mais je trouve inquiétant le nombre de femmes qui vont consulter parce qu'elles n'ont pas de désir, mais toujours au nom, non pas de leur inquiétude pour elles-mêmes, mais par inquiétude pour le conjoint qui serait malheureux et qui partirait. Dans ces cas-là, le souci n'est pas de retrouver une sexualité pour soi et son épanouissement personnel, mais pour ce qui assurerait la sécurité, à savoir être en couple. Cela rappelle le 19e siècle et le devoir de sexualité pour maintenir le couple.