Ce devait être LA plus grande transformation sociale depuis l'après-guerre. C'est en tout cas comme ça que l'avait présentée le gouvernement. Mais la réforme des retraites, qui a causé deux mois de grève a, comme d’autres projets, pris un coup d'arrêt en raison de la crise sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus. Et difficile désormais de la voir ressortir des cartons gouvernementaux.
"J’ai décidé que toutes les réformes en cours seraient suspendues, à commencer par la réforme des retraites", avait lancé Emmanuel Macron à la mi-mars, au début du confinement. Et de fait, depuis bientôt trois mois, oublié le système universel par points, oublié le débat autour de l’âge pivot, oubliée la conférence de financement qui avait été lancée par Edouard Philippe.
Il y a bien toujours un secrétaire d’Etat à la réforme des retraites, Laurent Pietrazewski, mais on ne l’entend plus sur le sujet. Il faut dire que, depuis la mi-avril, il s’est vu attribuer un deuxième portefeuille qui l’occupe beaucoup plus par les temps qui courent : celui de secrétaire d’Etat à la protection de la santé des salariés contre l’épidémie de Covid-19.
Un enjeu de la future élection présidentielle
Dans les rangs de la majorité, tout le monde en convient : relancer la réforme là où elle s’est arrêtée - autrement dit dans sa version adoptée début mars à l’Assemblée via le 49.3 -, ça n’a plus aucun sens aujourd’hui. L’instauration d’un système universel, ce sera au mieux l’un des enjeux de la future élection présidentielle.
Il n’empêche, plusieurs députés marcheurs ne veulent pas que rien ne se passe d’ici là. Cendra Motin, rapporteure du projet de loi organique, considère ainsi que certaines avancées du texte - la retraite minimum à 1.000 euros ou le nouveau régime des pensions de réversion - doivent se concrétiser sans attendre, surtout dans le contexte de crise qui rend encore plus nécessaire la protection des personnes précaires. Mais alors sous quelle forme et quand ? Ça, c’est une autre histoire.