Il est le seul membre encore en vie des commandos djihadistes du 13-Novembre. Un maillon essentiel dans la préparation et la réalisation des attentats, qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris. Mais deux ans après les attaques et plus d'un an et demi après son arrestation à Bruxelles, Salah Abdeslam, incarcéré à Fleury-Mérogis, préoccupe fortement les autorités. Le détenu, prostré et irritable, tient des propos de plus en plus incohérents.
A l'isolement complet. La Chancellerie redoute que le régime de détention exceptionnel sous lequel il a été placé fasse perdre la raison au principal suspect en vie des attentats du 13-Novembre. Car Salah Abdeslam est à l'isolement complet, dans une cellule de 10 m², dont les pièces mitoyennes sont vides pour empêcher toute interaction avec d'autres détenus. Il est l'obsession de la justice. Chacun de ses gestes à Fleury-Mérogis est consigné.
Tout faire pour éviter qu'il se suicide. Les autorités sont tellement inquiètes qu'il a été décidé d'enlever le plexiglas opaque de sa fenêtre pour lui permettre de voir l'extérieur. De même, les visites de ses proches se font désormais sans grille et hygiaphone (un dispositif perforé et transparent) entre eux. Préserver la santé mentale de Salah Abdeslam et tout faire pour éviter qu'il mette fin à ses jours avant un procès est la priorité. On ne sait toutefois ce que dira le terroriste, lui qui n'a plus d'avocat et qui, lors de ses quatre auditions par le juge d'instruction, est resté mutique.
Un premier procès dans un mois. Son premier procès est prévu dans un mois en Belgique dans un autre dossier. Il doit être jugé du 18 au 22 décembre pour "tentative d'assassinat dans un contexte terroriste sur plusieurs policiers", après la fusillade à Forest, dans l'agglomération bruxelloise, le 15 mars 2016, trois jours avant son arrestation à Molenbeek. Contre toute attente, Abdeslam a souhaité comparaître à ce procès et la Belgique a officiellement demandé à la France qu'il lui soit remis pour être jugé dans la capitale belge. Nicole Belloubet, la ministre de la Justice, a affirmé la semaine dernière que la France était "en train de vérifier les conditions de sécurité dans lesquelles il peut être accueilli en Belgique". Mais pour l'heure, rien n'a filtré sur le dispositif qui entourera son transfèrement à Bruxelles.