Les habitants de La Selle-sur-le-Bied, petite commune du Loiret où Jacqueline Sauvage a tué son époux, ont accueilli jeudi avec "une grande satisfaction" pour la plupart la grâce totale accordée à la sexagénaire par François Hollande, regrettant que cette décision ait été prise "trop tard". "J'ai été très heureux quand j'ai appris la grâce totale du président. Jacqueline Sauvage peut enfin retrouver sa famille. Cette affaire a beaucoup touché la population", a déclaré Pascal Delion, maire de la commune. "Il aurait été préférable que le président fasse ce geste plus tôt. Jacqueline Sauvage n'avait plus rien à faire en prison. Il fallait qu'elle retrouve sa famille qui souffrait beaucoup de cette situation", a-t-il ajouté.
"Ce drame était prévisible".Le 10 septembre 2012, Jacqueline Sauvage a tué son époux de 65 ans de trois coups de fusil dans le dos dans cette commune d'un millier d'habitants près de Montargis. Un meurtre qui lui a valu d'être condamnée à dix ans de réclusion criminelle en 2014, une peine confirmée un an plus tard en appel. Pour le maire, "ce drame était prévisible. Je comprends malheureusement le geste de madame Sauvage. Son mari était extrêmement violent et tyrannique. Le 10 septembre, quand j'ai entendu les coups de feu, j'ai toute de suite pensé que Norbert Marot avait tué sa femme. Quand nous sommes arrivés sur place avec la gendarmerie et les pompiers, on a été stupéfaits."
Des voisins partagés. "Vous ne pouvez pas imaginer combien je suis contente. J'ai envoyé des SMS aux filles de Jacqueline pour leur dire combien nous sommes heureux ici", a réagi Régine, qui travaille dans la pharmacie de la commune. Raymond, un voisin, a regretté que François Hollande ait "pris cette décision trop tard mais mieux vaut tard que jamais". "Il fallait condamner cette femme mais la laisser plus longtemps en prison ne servait à rien." Mais Jacques, qui a refusé un temps de s'exprimer, considère pour sa part ne pas être "sur la même longueur d'ondes que la majorité des habitants" de la commune. Selon lui, "le président n'aurait pas dû gracier Jacqueline Sauvage". "Elle a trop laissé faire. Elle n'a pas protégé ses filles. C'est le suicide de son fils qui a été déclencheur." "Elle a tout de même tiré dans le dos de son mari. Jacqueline Sauvage n'est pas le symbole des femmes battues", estime-t-il.