Fissures, risque d'inondations et donc d'accidents… Le JDD publie dimanche des extraits d'un livre-enquête qui s'intéresse à la sûreté du parc nucléaire français : Nucléaire, danger immédiat. Et leur constat est inquiétant. Selon les deux auteurs et journalistes, Thierry Gadault et Hugues Demeude, la France est menacée directement par son parc nucléaire. Un parc vieillissant. Car d'ici à 2028, 48 réacteurs sur 58 vont atteindre le seuil critique des 40 années de fonctionnement.
Des fissures sous surveillance. Dans leur livre, ils alertent notamment sur l'état de plusieurs cuves qui renferment les cœurs de réacteurs. "Selon EDF, 10 cuves en exploitation ont des fissures qui datent de leur fabrication. En général, ces fissures ont été provoquées lors de l'opération de soudure du revêtement en inox qui protège la face interne de la cuve", précisent-ils. Des fissures surveillées de près par EDF car si elles grandissent, elles risquent de percer la cuve.
La centrale de Tricastin pointée du doigt. Autre problème : de nouvelles fissures sont apparues également depuis la mise en fonctionnement des centrales et notamment à la centrale de Tricastin, dans la Drôme. "C'est la pire centrale du pays. Son réacteur 1 cumule tous les problèmes : défauts sous revêtement, absence de marge à la rupture, et dépassement des prévisions de fragilisation à quarante ans", listent-ils. Ainsi, en cas de séisme, la centrale risque aussi l'inondation, pointent les auteurs citant un rapport de l'Autorité de sûreté nucléaire(ASN) datant de 2017. Car la centrale est située en contrebas d'un canal, le canal Donzère-Mondragon. Ils citent également le président de l'ASN. Ce dernier leur aurait expliqué "'qu'en cas de séisme fort, on pourrait aller vers une situation, avec quatre réacteurs simultanés en fusion, qui ressemble potentiellement à un accident de type Fukushima."
D'autres fissures inquiétantes. Encore un élément inquiétant : la présence de micro-fissures parallèles aux parois des cuves dans six centrales françaises. Ces fissures, visibles aussi dans les centrales nucléaires belges, sont provoquées par l'hydrogène, si l'on en croit le résultat d'une étude menée par des scientifiques belges, validée dans un premier temps par l'Agence belge de la sûreté nucléaire, avant que cette dernière ne revoit son discours. Or ces fissures auraient été provoquées à la fabrication des cuves par des bulles d'hydrogènes emprisonnées dans le métal mais aussi - et c'est plus inquiétant- par l'hydrogène présent dans l'eau de la cuve. "Autrement dit, plus on utilise les cuves, plus le risque de fissures générées par l'hydrogène présent dans l'eau de la cuve augmente et peut générer un accident gravissime", décrypte les journalistes, qui ajoutent qu'en Belgique et en France, le système fait pour l'heure la sourde oreille.