Les sans domicile fixe seront bientôt prioritaires pour recevoir le vaccin contre le Covid-19, selon une information révélée mercredi par le quotidien La Croix, et dont Europe 1 a eu la confirmation auprès du cabinet du ministre de la Santé. Cette campagne concerne quelque 300.000 personnes et s'annonce difficile à mettre en œuvre auprès de populations éloignées des services de santé, et dont le suivi médical est souvent erratique, voire inexistant.
Dans les prochains jours, la consigne doit être donnée aux préfets de ne plus faire appliquer le critère de l'âge pour la vaccination des personnes sans domicile fixe. La vaccination concernera à la fois l'ensemble des SDF vivant dans la rue, mais aussi les personnes qui résident dans des centres d’hébergement. Pascal Brice, le président de la Fédération des acteurs de la solidarité, réclamait cette mesure depuis plusieurs semaines. "Cela va permettre de prendre en compte les personnes hébergées qui ont souvent moins de 50 ans, qui sont des hommes et des femmes éloignés des dispositifs de santé", salue-t-il auprès d'Europe 1.
La nécessité d'un vaccin monodose
Mais le défi sur le terrain va être de trouver des volontaires et de convaincre les récalcitrants. Plusieurs associations comptent sur un vaccin à une dose pour simplifier les choses. "La particularité des publics sans abri, c'est la difficulté d'avoir plusieurs rendez-vous et de les fidéliser au processus vaccinal. Il faut des vaccins monodoses, ce qui évite la difficulté d'un suivi médical, plus délicat avec ces publics", plaide Philippe Le Gall, le président de la Croix-Rouge en Île-de-France. Mais pour le moment, le seul vaccin monodose sur le marché, le Johnson & Johnson, n’est réservé qu’aux plus de 55 ans.
Les places d'hébergement d'urgence ouvertes pendant la crise sanitaire, prolongées 10 mois
Par ailleurs, le gouvernement a annoncé vendredi qu'il garderait les 43.000 places d'hébergement d'urgence créées depuis le premier confinement ouvertes jusqu'à fin mars 2022. "On ne remettra personne à la rue à l'issue de la trêve hivernale", exceptionnellement prolongée cette année jusqu'au 1er juin 2021, a expliqué le ministère du Logement, qui a décidé de "pérenniser" les places créées depuis un an "jusqu'à la fin du mois de mars 2022" au moins.
De quoi soulager les associations, qui craignaient un retour à la rue de ces 43.000 personnes hébergées en urgence, pour moitié grâce à des accords avec une hôtellerie en mal de touristes, afin de répondre à la situation inédite provoquée par le nouveau coronavirus et l'injonction faite à chacun de se confiner. Au total, plus de 200.000 sans domicile fixe sont actuellement hébergés dans des centres d'hébergement ou des hôtels. Maintenir les places créées depuis mars 2020 va coûter 690 millions d'euros, ce qui doit porter le budget annuel consacré à l'hébergement d'urgence à 2,9 milliards, selon le ministère.