La "vélomania" s’est emparée de la France. Depuis la sortie du confinement, la pratique du vélo a bondi de 87% et les ventes se sont envolées. Mais si le phénomène semble enclenché et durable dans les villes, certains se demandent si le vélo au quotidien ne pourrait pas enfin conquérir les campagnes. Vendredi, la question était débattue dans "Le club des idées", sur Europe 1.
"C’est assez inimaginable ce qui est en train de se passer. En quelques mois, on a basculé dans un autre monde", s’enthousiasme Pierre Serne, président du Club des villes et territoires cyclables. Dans les grandes villes, le phénomène n'est plus surprenant, mais son association regroupant des collectivités locales qui promeuvent la pratique du vélo est désormais contactée par des petites villes aux quatre coins de la France.
Du Tarn-et-Garonne à la Haute-Savoie en passant par les Deux Sèvres, petites villes et "bourgs" souhaiteraient réaliser des aménagements cyclables temporaires qui pourraient être pérennisés par la suite. Pierre Serne cite l’exemple de la petite commune de Saint-Quay-Perros, dans les Côtes-d'Armor, comptant un peu plus de 1.000 habitants. Ou encore celui d'une route départementale cherchant à se doter d'une piste cyclable sur "5 à 10 kilomètres". Il en est convaincu, le vélo "peut marcher aussi dans le rural et le péri-urbain".
Le vélo n'est pas une "potion magique"
De nombreux obstacles à la démocratisation du vélo en milieu rural demeurent pourtant difficiles à surmonter. Comment envisager de faire ses courses à bicyclette quand le supermarché se situe à plus de 10 km de son domicile ? Pour le professeur à l’école d’urbanisme de Paris, Jérôme Monnet, "c’est un problème d’urbanisme". Il invite à identifier toutes les chaînes de dépendance qui gouvernent la vie à la campagne. Selon lui, c'est tout l’aménagement de ces zones qu’il faudrait revoir. L'une des solutions pourrait être de réimplanter les commerces de proximité dans les centres-villes.
"Il ne faudra pas considérer [le vélo] comme une sorte de potion magique", met pourtant en garde Jérôme Monnet. "Cela ne peut pas concerner toutes les populations. Il faut toujours penser 'système', si on ne pense qu'un seul maillon, le vélo, on risque de ne pas faire les choses correctement."
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Les deux invités s'accordent néanmoins pour dire qu'un phénomène de fond est en train de traverser la société civile. "Il y a des collectivités qui ont été pionnières, mais là on sent que c’est en train de faire tâche d’huile à une vitesse incroyable", poursuit Pierre Serne qui loue le volontarisme des élus locaux, "de droite comme de gauche', pour promouvoir l'usage du vélo.