Utiliser sa voiture coûte de plus en plus cher mais de nombreux automobilistes ne voient pas comment s'en passer, indique le baromètre annuel de l'Observatoire Cetelem publié jeudi. Selon cette enquête réalisée dans 18 pays, 7 automobilistes sur 10 estiment que rouler en voiture nécessite des sacrifices financiers, mais 72% (75% en France) déclarent ne pas pouvoir s'en passer.
Près de deux tiers des personnes interrogées craignent ne plus avoir les moyens de posséder un véhicule à l'avenir, notamment en Turquie, au Mexique, au Portugal ou au Brésil. C'est aussi le cas pour 59% des Français. Les automobilistes voient d'abord cette perte de façon négative, avec la peur de ne plus pouvoir se déplacer comme ils le souhaitent. Seulement 20% y voient au contraire un geste positif pour l'environnement.
Les moins de 35 ans, plus enclins à se passer de voiture
Près de 6 personnes sur 10 déclarent avoir déjà renoncé à se déplacer en raison du coût induit, notamment dans les pays aux économies les plus fragiles, comme la Turquie ou l'Afrique du Sud. Pour économiser, une majorité de Français déclarent réduire leurs déplacements, 46% comparent les prix afin d'acheter l'essence le moins cher possible et 44% essayent d'optimiser leur conduite pour consommer moins de carburant.
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Un tiers d'automobilistes disent également se déplacer plus souvent à pied, à vélo ou en trottinette. De l'Allemagne au Brésil en passant par la France, plus d'une personne sur deux s'est séparée d'un des véhicules du foyer ou est décidée à le faire prochainement.
Les moins de 35 ans sont plus enclins à se passer totalement de voiture, à hauteur de 34%, contre 26% pour les générations plus âgées. "Ce qui ne passe pas, c'est les coûts d'usage", souligne Flavien Neuvy, directeur de l'observatoire Cetelem. "Le fait de passer tout le temps à la caisse renforce ce sentiment très négatif."
La voiture neuve, largement boudée
Les automobilistes estiment leur budget annuel pour la voiture (carburant, assurance, réparations) à 2.753 euros (2.870 euros en France), l'essence étant de loin le poste considéré comme le plus onéreux. Parallèlement, les coûts de l'assurance et de l'entretien sont jugés raisonnables par une majorité de ménages, même s'ils sont en forte augmentation.
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De même, le prix des voitures à l'achat est jugé raisonnable par de nombreux automobilistes, notamment pour la grande majorité qui achète sur le marché de l'occasion. Du côté du neuf, le prix des voitures a pourtant fortement augmenté ces dernières années dans l'UE, deux fois plus vite que l'inflation entre 2000 et 2020. Les acheteurs de voitures neuves se font ainsi de plus en plus rares, à hauteur de 2% des ménages français en 2022, Les acheteurs ont en moyenne 55 ans, contre 44 ans en 1990.
"Un risque que la voiture devienne un objet de luxe"
Avec la multiplication des voitures électriques, plus chères que les thermiques, "la tendance va s'accélérer au cours des prochaines années", prévoit Flavien Neuvy. "Il y a un risque que la voiture devienne un objet de luxe, inaccessible, rejetant à la marge les personnes qui en ont le plus besoin dans leur vie quotidienne", prévient l'expert.
Cette enquête a été réalisée en ligne du 23 juin au 8 juillet par Harris Interactive, auprès de 16.600 personnes âgées de 18 à 65 ans, selon la méthode des quotas. 3.000 entretiens ont été réalisés en France et 800 dans chacun des autres pays.