Paul François est l'agriculteur qui a réussi à faire condamner Monsanto. Il raconte son histoire dans un livre, Paul François : un paysan contre Monsanto. Si aujourd'hui, c'est le glyphosate qui est au centre des débats, Paul François a lui été intoxiqué en 2004 par un autre produit de la firme américaine, le Lasso, qui n'est plus commercialisé aujourd'hui. "J'ai organisé le livre en fonction de ma santé et non pas de l'actualité", précise-t-il dans l'émission Hondelatte raconte, sur Europe 1 mercredi.
"Il y a deux décisions (…) qui disent bien que ce produit est à l’origine de mes problèmes de santé. Ça, c’est incontestable", explique-t-il. Si sa bataille contre Monsanto n'est pas terminée (un nouveau procès est attendu dans les mois qui viennent), le chemin pour arriver à ce résultat relève du parcours du combattant.
"Une erreur très grave". Paul François ne veut pas parler de "connivence" mais évoque un éventuel "conflit d'intérêts" entre Monsanto et certains centres antipoison. "Quand il est contacté, le centre antipoison de Bordeaux répond qu'il n'y a pas besoin de faire d'analyses de sang et d'urines", raconte-t-il. "Or, tous les experts qui se sont penchés sur mon dossier ont mis en avant le fait que c'était une erreur très grave." Ces analyses auraient dû être effectuées, "pour voir à quel point j'étais intoxiqué".
Mais ce n'est pas tout. Il s'est avéré qu'un "toxicologue parisien a été contacté" et a "affirmé avoir perdu" le dossier de Paul François. "En tapant son nom et celui du représentant de chez Monsanto dans Google, on a vu qu'ils étaient présents à une table ronde organisée par la société Monsanto." Pour appuyer son propos, Paul François se souvient par ailleurs avoir rencontré des médecins qui n'ont pas souhaité intervenir dans son dossier car ils estimaient que cela pouvait représenter un risque pour leur carrière.
"Ils ne sont pas directement payés par Monsanto mais...", souligne Corinne Lepage. "Quand vous êtes Monsanto, une firme extrêmement puissante, vous avez les moyens de payer des scientifiques pour qu'ils vous fassent des études qui vous vont bien, d'inviter d'autres scientifiques à des colloques ou autres. Ils ne sont pas directement payés par Monsanto mais ils se sentent un peu tenus", analyse pour sa part Corinne Lepage, avocate et ancienne ministre de l'Environnement, qui a lancé l'association Justice Pesticides.