C’est une tendance qui inquiète les états-majors, dans le contexte géostratégique bouillonnant du monde. L’armée de Terre fait face à un défi de taille : le recrutement. En cause, la baisse du chômage et l’attractivité du privé. Sans doute aussi le retrait des troupes françaises du Sahel n’y est pas étranger, les opérations extérieures étant un des critères d’engagement des jeunes dans l’armée. Pour la première fois depuis bien longtemps, l’armée de terre n’atteindra pas ses objectifs à la fin de l’année. Il manquera entre 2.000 et 2.500 nouvelles recrues.
Un manque de deux ou trois régiments
Ces difficultés sont qualifiées en interne "d’inédites". Sur l’objectif de 16.000 nouvelles recrues en 2023, il n’y en aura que 13.500, au mieux 14.000 à la fin de l’année. Le manque représente tout de même 2 à 3 régiments. De quoi donner des sueurs froides aux recruteurs de l’armée de terre, dont le modèle repose en grande partie sur les militaires du rang et donc les jeunes. Il en faut au moins 13.000 chaque année pour conserver le niveau de cette armée d’emplois. Alors pour gagner cette "bataille des effectifs", le levier prioritaire de l’état-major est la fidélisation des soldats. En clair, être capable de garder les jeunes recrues au-delà des 5 premières années.
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Quant au recrutement, l’armée compte investir davantage les zones urbaines. L’Ile-de-France par exemple ne contribue qu’à hauteur de 15% du contingent, soit l’équivalent des Outre-Mer. "Il faut garder la tête froide car la volatilité de ces chiffres est très élevée quand on regarde ça sur les trois dernières années", nuance un général. Reste que l’hémorragie inquiète au sommet des états-majors, à l’heure où 6.000 postes doivent être créés d’ici à 2030. Le risque principal étant de baisser le niveau de sélection des nouvelles recrues.
En dix ans, le nombre de candidats pour un poste a été divisé par deux, pour se rapprocher dangereusement aujourd’hui de la parité. L’armée de terre est aussi en train de revoir sa politique d’aptitude au combat. Aujourd’hui, un jeune avec une dent malade ne passe pas la validation du médecin et donc du recrutement, alors qu’il pourrait être engagé puis soigné par le service de santé, avant de pouvoir être projeté un an plus tard en opération.