Selon une étude publiée l'année dernière par l'institut Think, près de deux salariés sur dix (17%) se disent potentiellement en situation d'épuisement professionnel. Alors que la ministre de la Santé Marisol Touraine a précisé dimanche qu'un groupe de travail réunissant médecins, experts et chercheurs va bientôt être mis en place pour définir "médicalement le burn-out et la manière de le traiter", il est un mal beaucoup moins connu mais tout aussi dévastateur : le bore-out.
Moins connu que le burn-out mais plus répandu ? "Je suis embauché depuis 15 ans dans une société mais depuis près d'un an, je m'ennuie terriblement. Je n'ai plus de travail ! En gros, je suis au chômage au travail". "Je suis posé au calme avec un bouquin et du café depuis 8h ce matin. Je ne fiche strictement rien et en plus, je crois un supérieur qui me félicite pour ma réactivité car je lui ai envoyé un mail de deux lignes !" Des témoignages comme ceux-là, Christian Bourion en a compilé des centaines et des centaines. Professeur à l'ICN Business School Nancy-Metz, ce chercheur se penche depuis 2011 sur le "bore-out syndrom", un phénomène qui concernerait près d'un salarié sur trois en France.
Et si le burn-out n'était en fait qu'une goutte d'eau ? "Il concerne beaucoup moins de monde que le bore-out, c'est une évidence", affirme Christian Bourrion, auteur de Le bore out syndrom : quand l'ennui au travail rend fou (Albin Michel). "Plus de 30 % des salariés en poste - toutes catégories confondues - sont en chômage - partiel ou total - à l’intérieur même de leur poste".
Quels sont les premiers symptômes du bore-out ? Vous travaillez aujourd'hui. Du moins, vous êtes à votre travail mais vous vous ennuyez ferme. Vos activités se comptent sur les doigts d'une main. Pire, votre ennui vous fatigue et vous démoralise. Ce sentiment de ne servir à rien au sein de votre entreprise, vous n'osez même plus en parler. Vous avez honte de votre inactivité. "La suite est aussi logique que malheureuse pour la personne concernée par le bore-out, prévient Christian Bourrion. Une fois que le salarié a usé toutes les techniques de substitution à son ennui (pauses à répétition, tchats sur le net, invention de nouvelles tâches,…), il sombre dans la dépression".
Comment essayer de soigner ce nouveau fléau ? Une fois que la situation a été "diagnostiquée" dans le cadre de l'entreprise, un arrêt de travail est le plus souvent prononcé. "Mais contrairement à ce qu'on pense, le salarié qui souffre d'ennui ne va pas être apaisé en ne faisant plus rien du tout", estime Christian Bourion. "Pour ce phénomène précis du bore-out, la seule solution réellement efficace est d'augmenter l'activité du salarié".