Les organisateurs du mouvement social en cours en Guyane ont réclamé samedi un "nouveau statut" pour ce territoire, répondant à l'annonce d'un milliard d'euros d'engagements en faveur de la collectivité, faite par les ministres Matthias Fekl (Intérieur) et Ericka Bareigts (Outre-mer).
1,085 milliard d'euros. "Le gouvernement a entendu les aspirations et les demandes des Guyanais", a déclaré Matthias Fekl lors d'une conférence de presse commune avec son homologue des Outre-mer. Moins d'une heure plus tôt, le ministre de l'Intérieur avait listé une série de "décisions fermes et sans appel", à une délégation d'une cinquantaine de Guyanais. Le total des engagements, pour la plupart des "mesures d'urgence" mais dont certains courent sur dix ans, a été chiffré à 1,085 milliard d'euros par Ericka Bareigts.
Matthias Fekl de retour en métropole. Alors que ces propositions avaient rapidement été qualifiées de "non satisfaisantes", la délégation, après avoir passé l'après-midi à les étudier, a redémarré à 18h30 (23h30 à Paris) les négociations avec la seule ministre des Outre-mer, Matthias Fekl s'étant envolé pour la métropole quelques heures plus tôt. Trois membres de la délégation, dont Davy Rimane, sont sortis quelques heures plus tard sur le perron de la préfecture, où les discussions se tenaient, pour s'adresser aux centaines de personnes massées en contrebas.
"Un statut particulier pour la Guyane". Le collectif "Pou La Gwiyann dékolé", qui regroupe l'ensemble des mouvements protestataires, "demande au président de la République et au gouvernement d'entamer les discussions avec la société guyanaise afin d'ouvrir un débat clair, transparent, visant à doter notre pays, trop éloigné des centres de décisions hexagonaux, un statut particulier pour la Guyane", a déclaré Davy Rimane, provocant les vivats de la foule.
Un lien "trop centralisé et vertical avec Paris". Interrogé peu après par l'AFP, le membre de la délégation a justifié cette exigence par la volonté de se débarrasser d'un lien "trop centralisé et vertical avec Paris", qui empêche la Guyane "d'avancer". Un référendum sur l'autonomie de la Guyane s'était tenu en 2010. Le "non" l'avait largement emporté.
400 pages de revendications. "Mais cette crise est l'expression de l'échec de ce référendum, a observé Gauthier Horth, un autre membre du collectif. Car le cadre réglementaire n'est pas du tout en adéquation avec la réalité guyanaise." Samedi, la délégation s'était présentée devant les ministres avec un cahier de revendications de plus de 400 pages, rédigées par des collectifs appuyés par des élus. Les 428 revendications qu'il contenait ont été "passées en revue, expertisées", a remarqué Matthias Fekl.