Cela fait plus de deux ans (24 décembre 2016) que Sophie Pétronin, 73 ans, a été enlevée à Gao, dans le nord du Mali. Elle est aujourd'hui la seule otage française dans le monde. Son fils, Sébastien Chadaud-Pétronin, se bat pour tenter d'obtenir sa libération mais accuse les autorités de freiner son combat. Dans son livre à paraître le 2 mai, Ma mère, ma bataille (Fayard), il raconte les échanges qu'il a eu avec de nombreux intermédiaires en France, au Mali, au Niger, en Mauritanie... Et s'emporte, dans les colonnes du JDD, dimanche : "J'ai de bonnes raisons d'être en colère".
Il affirme notamment qu'au mois de décembre dernier, un intermédiaire malien lui a proposé de libérer sa mère contre une "somme à six chiffres". Une proposition rejetée par le Quai d'Orsay. "En refusant cette offre, et en refusant surtout d'entamer une discussion - c'est le principe même de la négociation qui a été rejeté -, les autorités ont montré que la seule option retenue par le chef de l'État était militaire. (...) Il y a très peu de chances de sauver un otage dans ces conditions."
"Ma mère est sacrifiée car on ne veut pas discuter"
Il poursuit en expliquant qu'il lui a été demandé "de (s)'écarter" : "Je m'aperçois que c'est parce qu'on a pris la décision à ma place. (...) On pouvait récupérer ma mère. Ça aurait pu être rapide. Mais je me suis heurté à un blocage, à de la mauvaise foi et à des faux-fuyants." Il demande notamment à Emmanuel Macron et Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, d'"assumer" le fait qu'"ils ne veulent pas négocier" : "Il faut arrêter de se la raconter devant tout le monde, de faire croire qu'on travaille. Ce n'est pas vrai. Ma mère est sacrifiée car on ne veut pas discuter, voilà."
À l'inverse, les ravisseurs de sa mère "ne trichent pas", dit-il. "Ils m'ont à plusieurs reprises et de manière assez insistante, demandé de me convertir. Je ne me convertis pas, et je ne les aime pas. Je ne les excuse pas pour ce qu'ils ont fait, je suis lucide", précise-t-il. Mais, "ils ne mentent pas", et selon lui, on ne peut "pas en dire autant des représentants du Quai d'Orsay" : "Ils n'ont cessé de me mentir et de me manipuler, et je me demande bien comment ils font pour se regarder dans une glace."
"Si je perds, ma mère meurt"
Sébastien Chadaud-Pétronin garde espoir malgré tout : "Jusqu'à preuve du contraire, ma mère n'est pas morte. Mais cet espoir est tout petit. Et la sanction va être lourde. Si je perds, ma mère meurt." Le Journal du dimanche précise que les diplomates et agents qui travaillent sur ce dossier sont "écœurés" des accusations du fils de Sophie Pétronin et assurent que les ravisseurs utilisent sa détresse et sa détermination comme bouclier.