Plusieurs associations demandent au Conseil d'Etat d'interdire le label agricole "haute valeur environnementale" (HVE), accusé de "greenwashing" et de tromperie du consommateur, dans un courrier diffusé lundi. La requête au nom de sept associations de défense des consommateurs, de défense de l'environnement et de promotion de l'agriculture biologique "vise à l'annulation des dispositions réglementaires" mettant en œuvre la HVE. "Elle a été déposée vendredi", a assuré à l'AFP Nadine Lauverjat, déléguée générale de l'ONG Générations futures.
"Le caractère trompeur" du label
Ce label, créé en 2012 par l'Etat français, doit garantir, selon le gouvernement, que les pratiques agricoles d'une exploitation "préservent l'écosystème naturel et réduisent au minimum la pression sur l'environnement (sol, eau, biodiversité...)". Il suppose par exemple une "réduction" de l'utilisation de pesticides, qui ne sont donc pas interdits, à la différence de l'agriculture biologique. "Pire, il n'interdit pas l'utilisation des pesticides les plus dangereux, pourtant officiellement reconnus comme nocifs pour la santé humaine", pointent les associations (Fédération nationale d'agriculture biologique, UFC-Que Choisir, SYNABIO, Générations futures, Bio consom'acteurs, Réseau environnement santé et Agir pour l'Environnement).
Elles dénoncent également "le caractère trompeur" du label, dans la mesure où "la promesse d'excellence environnementale sous-entendue par le nom du label et exigée dans la loi n'est toujours pas remplie par le nouveau référentiel". Ce label permet d'apposer un logo, sur lequel figure une ferme entourée de champs et d'arbres, surmontée d'un soleil et d'un papillon, qui apparaît régulièrement sur des bouteilles de vin ou des sachets de fruits et légumes. Mais il est régulièrement accusé par ses détracteurs de ne permettre qu'un verdissement de façade.
Des critères d'accès renforcés
Près de 70% des 30.000 exploitations certifiées au 1er juillet 2022 le sont en viticulture, au prix "d'investissements assez lourds" pour améliorer les pratiques, a souligné lundi Jérôme Despey, vigneron et secrétaire général du syndicat agricole FNSEA. "C'est incroyable de remettre en cause une démarche de progrès, je ne vois pas à quoi ça sert sinon à freiner l'accompagnement à la transition environnementale", a-t-il ajouté, rappelant que la certification HVE "est contrôlée par des organismes certificateurs indépendants".
Les critères permettant aux exploitations agricoles d'accéder à la certification avaient été renforcés l'an dernier face aux critiques de Bruxelles, pour pouvoir continuer à bénéficier des subventions de la politique agricole commune européenne (PAC). Le niveau d'exigence est devenu "très important", pointe M. Despey, quand les requérants estiment que cela "n'a pas amélioré la situation". "Il existe un modèle, certes perfectible, mais qui a l'une des plus hautes performances environnementales: ce modèle s'appelle l'agriculture biologique", soulignent-ils.