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Le Pape François est mort : retour sur le pontificat d’un réformateur

Emma Ben Youssef Sudarovich - Mis à jour le . 5 min
Le pape François «content» de sortir, mais reste en convalescence
Le pape François © Godong / Robert Harding RF / robertharding via AFP

Le pape François est mort le 21 avril à 88 ans. Populaire à travers le monde entier, il était connu pour ses prises de positions fortes. Depuis son élection à la tête de l’Église catholique en 2013, l’Argentin a fait souffler un vent réformateur au sein de l’institution.

Le pape François est décédé ce 21 avril, lundi de Pâques à l’âge de 88 ans. Venu au monde le 17 décembre 1936 à Buenos Aires en Argentine, Jorge Mario Bergoglio grandit dans un quartier populaire de la ville avec son père immigré italien et sa mère Argentine. À 17 ans, il a une révélation pendant la fête de Saint-Mathieu. Nous sommes alors en 1953. François racontera avoir fait l'expérience "de la miséricorde de Dieu" et qu’"il a eu une révélation divine, pour entrer dans les ordres". Il rompt ses fiançailles avec sa petite amie de l’époque, qui se prénomme Amalia, et intègre la Compagnie de Jésus, l’ordre religieux des Jésuites. Le pape François suit des études de théologie, l’étude des religions, et se fait prêtre en 1969.

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Le 28 février 1998, il devient archevêque de l'archidiocèse de Buenos Aires, qui compte trois millions de fidèles. Contrairement à ses pairs, il choisit d’habiter dans un petit appartement à proximité de la cathédrale où il officie. Le début de son ascension au sein de l’Église catholique. Ses actions lui valent l’appréciation des fidèles. Jusqu’à son décès, le souverain pontife sera perçu comme proche du peuple et de ses fidèles.

Les fidèles séduits par sa grande simplicité

Fait cardinal en 2001, adoubé par Jean-Paul II, il obtient le titre de saint Roberto Bellarmino. Son mode de vie austère et sa grande simplicité en dépit de son ascension au sein de l’Église sont remarqués et salués.

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Le 13 mars 2013, il succède à Benoît XVI. Et quelques mois après que la fumée blanche ait émané de la chapelle Sixtine, symbole de sa nomination en tant que pape, Jorge Mario Bergoglio se rend au Brésil. Sur place, des millions de pèlerins écoutent avec attention ses paroles qui exhortent les jeunes à se détourner des biens matériels et pécuniers afin de se concentrer sur le Christ. Il tiendra souvent ce discours, comme lors de son homélie du 16 mars 2020, intitulée “Dieu agit toujours dans la simplicité”. 

Une sobriété également de mise dans le choix de ses déplacements. Le 15 décembre 2024, la Corse reçoit le Saint-Père. Affaibli par une infection pulmonaire, il choisit de se rendre uniquement sur l'Île-de-Beauté sans faire de passage par Paris pour la réouverture de Notre-Dame. Au micro d’Europe 1, le cardinal François Bustillo explique ce choix en disant que le pape "aime les périphéries" avec "des traditions simples de piété populaire". 

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La Méditerranée, symbole de son combat

La Sardaigne, Israël, le Maroc, la Palestine, la Turquie, Malte… La Méditerranée a été au cœur des voyages pastoraux. Symbole de son combat à vouloir réunir les peuples, les religions, les croyants et laïcs, il y a tenu ses discours les plus marquants. 

Celui qui a choisi son nom papal en hommage à Saint François, "le plus pauvre parmi les pauvres", n’a jamais hésité à prendre la défense des plus nécessiteux, comme l’atteste son premier voyage sur l’île de Lampedusa en juillet 2013. Dans ce camp de migrants à ciel ouvert, il salue la mémoire de ceux "morts en mer, dans ces bateaux qui au lieu d’être un chemin d’espérance ont été un chemin de mort". Il blâme les naufrages qui sont "comme une épine dans le cœur qui apporte[nt] de la souffrance". 

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Dix ans plus tard, il continue de marquer les esprits en dénonçant la non-assistance aux immigrés qui tentent en vain de rejoindre le continent européen depuis le nord de l’Afrique. Il se rend à Marseille quelques jours après la disparition de 130 migrants au large de la Libye. Depuis la cité phocéenne qui fait face "à cette mer magnifique, devenue un immense cimetière où de nombreux frères et sœurs se trouvent même privés du droit à une tombe", il l’assure, "nous sommes à un carrefour : d’un côté la fraternité, qui féconde la bonté de la communauté humaine ; et de l’autre l’indifférence, qui ensanglante la Méditerranée". 

Une rupture avec la tradition

"Le Seigneur bénit tout le monde" y compris les couples de même sexe. Par ces mots issus de la déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la foi Fiducia Supplicans, datant du 18 décembre 2023, le pape François rompt avec 2.000 ans d’histoire catholique et s’attire par la même occasion, les foudres de bon nombre de représentants de l’Église. 

Mais qu’importe son isolement, le souverain pontife assume et persiste. "Au moment de prendre une décision, il y a un prix de solitude que tu dois payer car parfois, les décisions ne sont pas acceptées". Avant d’ajouter que lorsqu'"une décision ne te plait pas, je dis : 'va parler de tes doutes, lance une discussion fraternelle et avance ainsi'". 

Tout au long de son pontificat, François a régulièrement apporté un certain soutien envers les personnes homosexuelles. Si à ses yeux cette orientation reste "un péché", il assurait que ce "n’est pas un crime" et trouvait "injustes" les lois la criminalisant. Des prises de positions inédites poussant les ecclésiastiques à entreprendre des réformes, comme l'attestent les directives émises par la Conférence épiscopale italienne en janvier 2025. Effectivement, elle a sous-entendu vouloir faire tomber l’interdiction de l’ordination d’hommes ouvertement homosexuels à la prêtrise catholique. 

Un nouveau souffle

En 2019, François doit faire face au fleuve de révélations d’abus sexuels qui inondent l’Église à travers le monde. Au quatre coins du monde le bilan est glaçant, les victimes se comptent par centaines de milliers. Rapidement le chef de l’Église reconnaît que l’institution "blessée par son pêché", "n’a pas su écouter" les cris d’alerte. 

Afin de faire face à cette crise, il entreprend une série de réformes visant à rééquilibrer le pouvoir dans la hiérarchie catholique. Il fait ainsi entrer au sein de la curie romaine, le gouvernement du Vatican, des nouveaux profils tels que des laïcs et des femmes dont Nathalie Bécard. Interrogée par Europe 1 en 2021, elle voyait en "cette décision audacieuse", "une forme de nouveauté" entrant en résonance avec des "aspirations portées par beaucoup de personnes de par le monde".

Jorge Mario Bergoglio n’avait finalement pas peur de la modernité. Premier pape à avoir cohabité avec son prédécesseur, ici Benoît XVI, il a continuellement soutenu l’idée qu’un pape pouvait démissionner. Peu de temps après son installation au Vatican, il avait d’ailleurs remis une lettre de démission dans le cas où il ne serait plus en mesure d’assurer ses responsabilités avec "clarté". François se considérait comme un trait d’union entre les Hommes, les peuples et les religions, et voulait avant tout que les chrétiens embrassent son héritage afin de poursuivre son combat. Comme il le racontait dans son autobiographie "Espère", publiée en janvier 2025, "je ne suis qu’un passage".