Le père Jacques Hamel, assassiné en pleine messe fin juillet près de Rouen, peut devenir un saint martyr de l'Église catholique, selon l'archevêque de la ville qui se dit prêt à enclencher une procédure de canonisation dans le délai imposé de cinq ans.
Un mort "qui tient lieu de miracle". Mgr Dominique Lebrun, qui a notamment célébré la messe des obsèques solennelles du prêtre le 2 août, une semaine après que ce dernier eut été égorgé par deux jeunes djihadistes se réclamant de l'Etat islamique (EI), indique qu'il "conserve précieusement les témoignages au sujet du Père Jacques". Avoir fait un miracle, condition généralement imposée par l'Église pour une canonisation, ne serait pas nécessaire. "Pour les martyrs, leur fidélité [à la foi, ndlr] devant la mort tient lieu de miracle", dit l'archevêque. Et selon Mgr Lebrun, l'abbé, tué dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray, au pied de l'autel, peut légitimement être considéré comme un martyr.
Victime d'une idéologie. "La mort du père Jacques Hamel est le témoignage ultime de sa foi en Jésus, qu'il a affirmée jusqu'au bout", dit-il. Quand il a appris l'attentat, l'archevêque était aux Journées Mondiales de la Jeunesse à Cracovie. Il s'était rendu avec de jeunes rouennais sur la tombe de Jerzy Popieluszko, "prêtre assassiné par l'idéologie communiste, aujourd'hui martyr reconnu". "C'est une autre idéologie qui a tué le père Jacques Hamel mais c'est la même foi chrétienne qui est visée", estime-t-il. "Il y a en fait deux questions: est-il un martyr ? Je pense que oui. Son martyre sera-t-il reconnu ? Je ne le sais pas encore".
De nombreux témoignages. Dans la reconnaissance d'un martyr, "l'Eglise catholique ne cherche pas d'abord à dénoncer et à condamner une idéologie", souligne en outre Mgr Lebrun. Avant toute reconnaissance, il y a une recherche de "ce que l'Eglise appelle 'la réputation de sainteté' c'est à dire l'opinion des fidèles", explique l'archevêque. "Beaucoup de témoignages disent la foi fidèle de ce pasteur et sa bonté, tout en reconnaissant qu'il avait des défauts", témoigne-t-il. "Un saint n'est pas un homme sans péché. C'est un croyant qui met sa foi dans le Seigneur Jésus et met en pratique ses enseignements, notamment le commandement de l'amour", professe-t-il.
Un processus long. "La procédure de reconnaissance de la sainteté [...] ne peut commencer que cinq ans après la mort de la personne en cause", indique-t-il. "Formellement, il appartient à l'évêque du lieu de la mort de la personne d'enclencher la procédure" [de canonisation]. "Il y a une phase locale avec une enquête attentive sur la vie et la mort de la personne. Ensuite 'la cause' est envoyée à Rome où elle est étudiée avant la décision du Pape", détaille Mgr Lebrun, qui a appelé les fidèles à venir se recueillir sur la tombe du prêtre, lundi 15 août, fête de l'Assomption de la Vierge Marie.