Le procès des attentats du 13-Novembre va s'ouvrir mercredi, avec plus de neuf mois d'audience prévus. Vingt accusés seront jugés et quatorze seront présents dont Salah Abdeslam, le dernier membre vivant du commando qui a tué 130 personnes ce soir-là. Pour les parties civiles, victimes ou proches, le moment de se retrouver face aux accusés va être particulièrement difficile. Certains ont accepté de témoigner au micro d'Europe 1.
Se retrouver en face des tueurs : "Une intensité et une pression particulière"
Philippe Duperron est président de l'association de victimes 13onze15 Vérité et Fraternité. Il avait perdu l'un de ses fils au Bataclan. "Il est vrai que lorsque vous vous trouvez dans la même salle que l'auteur des attentats et l'auteur de ce qui a mené votre fils à la mort, il y a effectivement une intensité particulière et une pression que l'on ressent inévitablement", avance-t-il. "Et ce sera forcément le cas. Avec en plus, un procès très long, de nombreuses victimes et de nombreux auteurs."
Aucun dispositif prévu auprès de l'employeur pour les victimes
Pour faire face à ces traumatismes, un soutien psychologique est proposé depuis plusieurs mois par des associations de victimes. Des psychologues seront aussi dans la salle d’audience, en cas de besoin. Sur le plan pratique, au moins 145 jours d’audience sont prévus.
Pour les parties civiles qui voudraient assister au procès en entier ou même quelques jours, il n’y a malheureusement pas de dispositif prévu auprès de leur employeur. "Chaque jour sera comptabilisé et chaque journée de présence sera indemnisée par l'État. Mais encore faut-il que les personnes qui souhaitent être présentes puissent se dégager de leurs obligations professionnelles. Évidemment, on attend de la part des employeurs le plus possible de bienveillance. Mais il y aura là certainement des situations difficiles à régler et des situations problématiques", explique Philippe Duperron.
>> LIRE AUSSI - Procès des attentats du 13-Novembre : "On a réussi à avancer"
Ce procès est évidemment une source de stress et d’inquiétudes pour certaines victimes. Pour les aider au mieux, des réunions ont été organisées avec d'autres victimes du terrorisme dont le procès est déjà passé. Par exemple avec Michel Catalano, otage des frères Kouachi en janvier 2015.
Les débats diffusés sur une web radio
Autre particularité de cette audience : elle sera filmée pour les archives, comme le procès des attentats de janvier 2015. Les débats seront cette fois diffusés sur une web radio, accessible uniquement aux parties civiles et non pour une retransmission. "On sera en léger différé, de façon à permettre malgré tout au président de l'audience d'avoir la main sur le contenu. Il ne s'agit pas du tout d'une volonté de censure. C'est une volonté de contrôle sur ce qui pourrait être condamnable dans l'expression de certaines personnes", indique Philippe Duperron.