Tariq Ramadan, mis en examen pour viols, va-t-il rester en prison ? Après avoir ordonné une expertise médicale, qui a jugé l'état de santé de l'islamologue compatible avec sa détention provisoire, la cour d'appel de Paris se prononce jeudi sur son éventuelle remise en liberté.
Actuellement à Fleury-Mérogis. L'intellectuel suisse, qui conteste les accusations portées par deux femmes en France contre lui, est écroué à la prison de Fleury-Mérogis dans l'Essonne. La semaine dernière, la chambre de l'instruction avait suspendu sa décision à cette expertise. Sa détention a suscité un vif émoi dans une partie des rangs musulmans, certains dénonçant l'impression d'un "deux poids, deux mesures" voire d'un "complot" contre une des rares figures médiatiques de l'islam européen.
Crainte d'une fuite à l'étranger. Tariq Ramadan a été mis en examen le 2 février pour viols, dont l'un sur personne vulnérable, après les plaintes de deux femmes fin octobre qui ont débouché sur une information judiciaire confiée à trois juges d'instruction. La justice a ordonné son placement en détention provisoire car elle craint une fuite à l'étranger ou d'éventuelles pressions sur les plaignantes ou d'autres femmes ayant témoigné sous X (un dispositif destiné à protéger le témoin) lors de l'enquête préliminaire.
Un examen effectué "sommairement" ? Des sources proches du dossier ont expliqué que l'expertise médicale demandée par la justice établissait que l'état de santé de Tariq Ramadan, qui dit souffrir de deux maladies, une sclérose en plaques et une neuropathie (affection de plusieurs nerfs moteurs et sensitifs), était compatible avec sa détention. Jugeant "incertain" le diagnostic ultérieur de ces pathologies, l'expert médical estime aussi qu'elles ne peuvent s'aggraver brutalement. Dans un mémoire transmis à la chambre de l'instruction, la défense de Tariq Ramadan critique un examen effectué "sommairement" jeudi dernier et fait valoir que le médecin ne disposait pas du dossier médical de son client.