Le trafic de drogue en France génère une activité économique évaluée à près de 2,7 milliards d'euros par an, équivalent à un peu plus de 0,1 point de produit intérieur brut (PIB), a annoncé mercredi l'Insee. Sur ces 2,7 milliards, un milliard d'euros sont générés par le trafic de cannabis et 800 millions d'euros par le trafic de cocaïne, précise l'Insee dans une note, première du genre pour l'organisme public.
Intégration dans le PIB français. L'institut national de statistiques avait annoncé fin janvier après plusieurs années de débat qu'il intégrerait à partir de la fin du mois de mai la consommation de stupéfiants et les activités liées à cette consommation dans le PIB français. Cette prise en compte, effectuée à la demande de l'institut européen des statistiques Eurostat, vise à "aligner" les normes comptables tricolores "sur la pratique des autres pays européens", précise l'organisme public. Selon l'Insee, qui s'appuie sur les données de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), elles-mêmes basées sur des enquêtes auprès des ménages, la consommation de drogue en France pèse 3,1 milliard d'euros par an.
"Il y a un risque de sous-estimation". Mais près de 400 millions d'euros doivent être retirés de ces 3,1 milliards, correspondant au poids des importations - qui doivent être comptabilisés dans le PIB des pays concernés et non dans le PIB français. D'où le chiffre de 2,7 milliards avancé par l'institut public. "Ce chiffre est une évaluation", insiste cependant Ronan Mahieux, responsable du département des comptes nationaux à l'Insee. "Il y a un risque de sous-estimation, car il est possible que les ménages n'aient pas confiance dans les enquêteurs qui les contactent", explique-t-il.
Refus d'intégrer la prostitution. L'Insee précise dans sa note refuser de comptabiliser la prostitution dans le PIB, contrairement à d'autres pays européens. "La prostitution exercée dans la rue est notoirement le fait de personnes généralement en situation irrégulière, souvent mineures et sous la coupe de réseaux clandestins qui les ont acheminées en France", justifie-t-il. Pour cette raison, "ces situations s'apparentent davantage à une forme d'esclavage sexuel qu'à l'exercice librement consenti d'une activité professionnelle", ajoute l'organisme public.