"On en aurait pleuré." Le tribunal de Montpellier vient d’ordonner la démolition d’une centrale de sept éoliennes à Lunas, dans l’Hérault. Le juge a considéré que ce parc avait été construit illégalement, et a enjoint le promoteur à remettre la zone en état. Une victoire pour les associations écologistes, qui a toutefois un goût un peu amer. "Tout ce gâchis alors que depuis 10 ans, en fait, on avait raison", soupirent des représentants du collectif régional "Toutes nos énergies".
Deux annulations du permis de construire
Depuis le début de l'affaire, ils dénoncent "l'absurdité" de ce projet. Les éoliennes sont construites et exploitées depuis 10 ans, malgré deux annulations de permis de construire par le Conseil d'Etat. "Le projet est à la fois sur des couloirs migratoires où il y a un certain nombre d'espèces protégées. C'est aussi un parc naturel régional. Et puis il se trouve en zone absolument non constructible. Ce qui fait quand même beaucoup", pointe Jean Pougnet, membre du collectif.
Pour eux, ces parcs industriels sont le contraire de l'écologie. Ils préféreraient par exemple que l'on incite davantage les usagers à baisser leur consommation d'énergie. "Les éoliennes artificialisent les sols. En plus, on cumule le nucléaire, l'éolien, le photovoltaïque, demain l'hydrogène", déplore Michèle Solans, une autre membre de "Toutes nos énergies". "Les premières préconisations qu'on devrait faire, c'est de donner plus de moyens pour isoler les maisons. Et d'encourager les Français petit à petit de baisser leur consommation."
Pompili veut "plus de concertation" avant les constructions
Invitée d'Europe 1 vendredi matin, la ministre de l'Ecologie Barbara Pompili est revenue sur cette affaire. "Bien sûr que l'énergie éolienne est écolo, elle permet d'exploiter une énergie renouvelable. Mais comme sur tous les sujets, il peut y avoir des abus, des constructions illégales. La justice est là pour faire son travail." La ministre assure par ailleurs que le projet de loi Climat, bientôt examiné à l'Assemblée, prévoit qu'il y ait à l'avenir "plus de concertations" en amont de la construction de nouveaux parcs.
De son côté, le promoteur Valeco s'étonne de cette décision de justice et a l'intention de faire appel. Un appel qui ne sera toutefois pas suspensif. La décision est exécutoire et prévoit la destruction des sept éoliennes dans les quatre mois, sous astreinte de 9.000 euros par jour.