Il faudra deux quinquennats pour construire les 15.000 nouvelles places de prison promises par le candidat Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle, a indiqué mercredi la Chancellerie, confirmant une information du Figaro.
"Le précédent gouvernement avait lancé en octobre 2016 un programme immobilier qui devait courir sur deux quinquennats, jusqu'en 2027. Mais aucune opération n'a été lancée et les plus avancées en sont aujourd'hui au stade de l'identification du foncier. Il est évident qu'on va se servir de ce qui a déjà été réalisé. Mais comment imaginer qu'un projet prévu sur deux quinquennats puisse être bouclé en un seul ?", a expliqué le porte-parole de la Chancellerie Youssef Badr.
Incertitude sur le nombre de projets finalisés d'ici à la fin du quinquennat. "15.000 places de prison supplémentaires, c'est environ un quart de plus qu'aujourd'hui", a-t-on souligné de même source en précisant ne pas encore savoir combien de projets seront finalisés à la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron. "Ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a actuellement plusieurs opérations en cours à différents stades d'avancement. Il y a des études de conception, des études préalables de faisabilité, des recherches foncières... Je peux assurer qu'on n'est jamais allé aussi vite sur une recherche d'une telle ampleur", a assuré Youssef Badr.
Trente-deux établissements pénitentiaires visés. L'ensemble du programme porte sur 32 établissements et 16 quartiers de préparation à la sortie. "La liste des opérations retenues sera arrêtée dans le cadre de la loi de programmation pour la justice présentée au printemps au Parlement", a-t-on précisé de même source. "Ce qui va sortir prochainement de terre relève forcément de programmes qui ont été décidés avant (l'engagement des 15.000 places, ndlr).
La difficulté de trouver de nouveaux terrains pour de nouvelles prisons en PACA et en Ile-de-France. Parmi les projets les plus avancés figure la réhabilitation de la prison de la Santé à Paris (800 places) qui devrait ouvrir à l'automne 2018. Sont également dans les tuyaux pour 2018, les établissements pénitentiaires de Draguignan (500 places) et d'Aix-en-Provence 2 (730 places). En revanche, la situation s'avère plus compliquée en île-de-France et en région PACA où il est difficile de trouver des terrains pour de nouvelles prisons, a-t-on précisé de même source. Le directeur de l'administration pénitentiaire a rencontré à ce sujet mercredi des préfets d'île-de-France pour tenter de débloquer la situation, a indiqué la direction de l'administration pénitentiaire.
La prison doit "aussi aider à la réinsertion des gens". "Ce qui compte, c'est de lutter contre la surpopulation carcérale, d'améliorer le sort des détenus, qu'une peine de prison ait le sens qu'elle doit avoir: sanctionner quelqu'un pour des faits, appliquer une peine décidée par un tribunal. Elle doit aussi aider à la réinsertion des gens", explique Youssef Badr, rappelant que la ministre de la justice compte également agir en faveur des peines alternatives à l'incarcération.
Plus de 68.000 détenus pour 59.000 places en février 2017. En pleine explosion de la surpopulation carcérale, l'ancien Premier ministre Manuel Valls avait annoncé le 6 octobre 2016 un programme immobilier pénitentiaire de 33 nouveaux établissements. En février 2017, le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas avait dévoilé la liste des 21 premières villes choisies pour accueillir certaines de ces nouvelles prisons. Les établissements pénitentiaires français comptaient en octobre 68.574 détenus pour 59.000 places.