Février 2024 a été le mois de février le plus chaud jamais enregistré dans le monde, selon l’observatoire européen Copernicus. En France, les températures ont été de 3,4°C au-dessus des normales de saison et toutes les régions sont concernées. Alors forcément, la nature prend de l’avance et certains arbres sont déjà en fleurs. Cela inquiète les arboriculteurs qui craignent que les bourgeons gèlent dans les prochaines semaines, comme Westhoffen, dans le Bas-Rhin.
"On a bien quinze jours d'avance"
Il a fait beau et un peu plus chaud que d’habitude ces dernières semaines en Alsace. En taillant ses pêchers et abricotiers, Daniel Dettling, arboriculteur, le constate : "Ils ont débourré, on voit les premières fleurs", indique-t-il. "On a l’habitude depuis quelques années que ce soit un peu tôt, mais là, c'est vraiment particulièrement tôt cette année. On a bien quinze jours d’avance", confirme-t-il.
Pourtant, le printemps n’est pas encore tout à fait là et il risque donc encore de geler dans les prochaines semaines. "Si on descend maintenant à -5°C, mes arbres prennent cher !", assure Daniel Dettling. Il peut se permettre de perdre ainsi quelques arbres, "mais si cela se répète plusieurs nuits d’affilée, on perd la bataille faute de combattants", s’inquiète-t-il.
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"On mettra des bougies", mais pas aussi tôt
Cela fait maintenant plusieurs années que Daniel Dettling constate ainsi les effets du réchauffement climatique. Il lui est déjà arrivé de perdre presque 50% de sa récolte à cause des floraisons précoces et des gelées tardives. Alors, il se tient prêt pour les éventuelles nuits hivernales à venir. "On mettra des bougies qui réchaufferont l’atmosphère, on évitera ainsi les gelées", explique-t-il. "Mais clairement, on ne peut pas commencer aussi tôt la lutte".
Disposer et allumer des bougies sous chaque arbre est en effet très contraignant et fatigant. Sauf qu’il faut tenir jusqu’à fin mai !
"Cette année, je ne la sens vraiment pas"
Alors pour la première fois, Daniel Dettling a fait assurer ses arbres. "La cotisation est quand même à 18.000 euros", soupire-t-il. "Mais je pense que cette année, c’était pertinent de s’assurer". L’arboriculteur est à peu près convaincu qu’il subira immanquablement des pertes de production. "Cette année, je ne la sens vraiment pas", conclut-il.
Il espère surtout que ses autres arbres (cerisiers, pommiers, mirabelliers) attendront encore un peu avant de fleurir à leur tour.