Manque d’attractivité, conditions de vie difficile, rémunération moins importante que dans le privé… L’armée peine à recruter, et c'est du jamais vu. Et cette tendance inquiète jusqu’au sommet de la hiérarchie militaire dans le contexte actuel de guerre en Ukraine. Selon les informations d’Europe 1, à la fin de l’année, entre 1.500 à 2.000 jeunes n’auront pas été recrutés, par rapport aux objectifs fixés.
Comment donc expliquer cette insuffisance ? Selon un haut cadre militaire, une première raison serait que l'"on a asséché le vivier l’année dernière". Autrement dit, pour remplir les objectifs de 2022, l’armée est allée recruter des jeunes qui auraient pu s’engager en 2023. Ensuite, l’inversion de la courbe s’est accentuée avec l’emploi rendu plus facile sur le marché français à la sortie de la pandémie, entraînant à une chute du taux de chômage à 7% au premier trimestre.
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La ressource humaine : "le sujet majeur des prochaines années"
De l’autre côté, l’armée a du mal à fidéliser ses militaires du rang et ses sous-officiers, qui ont tendance à trop quitter l’institution pour rejoindre le privé. Malgré tout, plusieurs leviers sont à disposition : réorienter les recalés de la légion étrangère, où neuf jeunes se présentent pour un seul poste. Il est également essentiel de recruter davantage dans le bassin francilien, qui ne fournit aujourd’hui que 15% des nouvelles recrues, soit autant que les Outre-Mer.
Dans l’immédiat, l’armée doit tenter de sauver les meubles pour l’année 2023, car dans les régiments, on demande aux partants de prolonger de quelques mois pour étaler les départs sur 2024. Le problème se posera tout de même à nouveau l’année prochaine, comme le concède un haut gradé : "la ressource humaine sera le sujet majeur des prochaines années".