Les principales associations d'aide aux migrants ont lancé mardi des "états généraux des migrations" pour "dire stop" collectivement à une politique gouvernementale dont elles dénoncent "le mépris des droits fondamentaux" et la logique de "tri".
Des propositions au printemps. Concertations décentralisées, mobilisation citoyenne... les propositions doivent remonter au printemps afin d'interpeller le gouvernement, a affirmé Nathalie Péré-Marzano, déléguée générale d'Emmaüs International, lors d'une conférence de presse. "Nous sommes des dizaines de milliers de citoyens et notre voix doit être entendue", a-t-elle ajouté. Le collectif rassemble 470 associations, dont les grands acteurs nationaux - Cimade, Gisti, Ligue des droits de l'Homme, Médecins du monde et Secours catholique notamment - mais aussi une multitude d'acteurs de terrain, tels le Mouvement citoyen Tous migrants! à Briançon ou le collectif parisien Les P'tis déj à Flandres.
"Contre-pouvoir". Les associatifs ont décidé de lancer leurs propres "états généraux" après en avoir fait la proposition en juin au gouvernement, qui a refusé, a expliqué Nathalie Péré-Marzano. L'initiative se veut donc "un contre-pouvoir pour dénoncer la situation inacceptable sur le terrain, exiger en urgence le respect des droits fondamentaux et l'inconditionnalité de l'accueil". Il s'agit aussi, pour les associations, de se mobiliser face à un projet de loi attendu en début d'année, et source d'inquiétudes: le texte "semble formaliser la politique assez détestable menée depuis six mois", a expliqué Jean-Claude Mas, le secrétaire général de la Ciamde, en dénonçant une logique de "tri", avant tout "répressive et d'éloignement".
"On va s'organiser", annonce Cédric Herrou. "Aujourd'hui nous présentons un front uni pour dire stop", a-t-il ajouté, alors que les associations ont le plus grand mal à se faire entendre du ministère de l'Intérieur, qui en a reçu certaines en ordre dispersé en amont de son projet de loi. "On va s'organiser sur le front politique", a promis Cédric Herrou de La Roya citoyenne, en expliquant que "pour sensibiliser l'État il faudra sensibiliser l'opinion publique". Ces états généraux "sont aussi une occasion de se coordonner sur le terrain", dans l'idée "de créer un rapport de force", a ajouté Pierre-Alain Mannoni de Solidarité Migrants 06, récemment condamné pour avoir aidé des migrants. Car pour les petites associations, très engagées sur le terrain, "il faut aujourd'hui passer à une action politique en dehors de notre aide quotidienne", estime Bénédicte Chauvet des P'tis déj à Flandres.