L'hôpital de Dax subit une cyberattaque d'ampleur depuis lundi soir. 6:57
  • Copié
Ugo Pascolo , modifié à
Invité d'Europe 1 alors que l'hôpital de Dax subit une cyberattaque, Philippe Trouchaud, en charge de la cybersécurité dans l'un des principaux cabinets de conseil au monde, explique pourquoi les hôpitaux sont de plus en plus victimes de ces méfaits depuis l'apparition du coronavirus.
INTERVIEW

C'est un phénomène qui prend de l'ampleur en France et dans le monde : les cyberattaques contre les hôpitaux. Depuis l'apparition du coronavirus, elles ont bondi "de 500%", confirme au micro d'Europe 1 Philippe Trouchaud, en charge de la cybersécurité chez PWC, l'un des principaux cabinets de conseil au monde. Dernier exemple en date à l'hôpital de Dax : dans la nuit de lundi à mardi, une attaque d'ampleur a crypté les données du système informatique de l'hôpital, paralysant l'activité sur place. Mercredi soir, certains fichiers restaient encore très difficiles d'accès, alors que les équipes de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) tentaient d'aider le personnel à rétablir la situation. 

Les hôpitaux ciblés parce qu'on a "encore plus besoin d'eux" 

Une attaque en forme d'écho à celle subie par le CHU de Rouen en novembre 2019, qui ne semble pas surprendre Philippe Trouchaud. "Les hôpitaux sont certainement ciblés en ce moment parce qu'ils sont sous le feu de l'actualité. Avec le coronavirus, on a encore plus besoin d'eux. Donc les cybercriminels pensent qu'il va être plus facile dans ces circonstances d'obtenir de l'argent en échange des données." Dans ce type d'attaques, les pirates s'introduisent dans le système informatique de la victime puis chiffrent ses fichiers pour les rendre inopérants, exigeant une rançon pour les débloquer.

Faire jouer la pression de l'opinion publique

Mais les données ne sont pas le seul moyen pour les cybercriminels de maximiser leurs chances de récupérer de l'argent. L'opinion publique joue également un rôle important, avance Philippe Trouchaud. "En Allemagne, une patiente dans un état critique est morte en septembre 2020 alors qu'une cyberattaque était en cours contre l'hôpital de Düsseldorf. Ce genre d'actions fait donc naître une pression l'opinion publique pour mieux protéger ces établissements", mais surtout pour "payer la rançon".

Et avec la démocratisation à venir de la 5G, Philippe Trouchaud affirme "qu'il y aura davantage de cyberattaques" à l'avenir, contre les entreprises privées ou publiques. Il faut donc faire de la sensibilisation auprès des Français pour qu'ils respectent une certaine hygiène informatique, comme faire les mises à jour, afin de limiter les risques. Ce qui n'empêche pas l'expert d'avancer que "l'on va devoir vivre avec cette délinquance".