L'armée s'est déployée en Nouvelle-Calédonie, où trois nuits d'émeutes qui ont fait quatre morts dont un gendarme, ont plongé le territoire français du Pacifique sud dans une crise sécuritaire, identitaire et politique, sur fond de révolte contre une réforme électorale controversée. D'après Michel Onfray, philosophe et auteur de La foudre gouverne le monde aux éditions Albin Michel, invité de La Grande interview Europe 1-CNews, nous pouvons désormais parler de "guerre civile".
"Ce sont des Français qui attaquent d'autres Français. Je parlais, hélas, depuis très longtemps d'une guerre civile à bas bruit, avec quelques ricanements du côté des islamo-gauchistes, maintenant, on enlève à bas bruit : c'est une vraie guerre civile", a-t-il affirmé au micro de Laurence Ferrari jeudi.
Une chasse aux blancs ?
Cette vague de violences a fait trois morts, deux hommes de 20 et 36 ans, ainsi qu'une adolescente de 17 ans, ont détaillé les autorités. Un gendarme touché par balle à la tête a également succombé à ses blessures. "Le gendarme a pris un projectile en pleine tête, on a visé la tête, on a voulu le tuer alors qu'il a enlevé son casque comme un signe de bienveillance", a affirmé Michel Onfray.
L'intervention des militaires doit permettre de "sécuriser" les ports et l'aéroport du territoire, désormais sous le régime de l'état d'urgence décrété par le gouvernement mercredi soir. Dans l'agglomération de Nouméa, les riverains ont commencé à organiser la défense de leurs quartiers et érigé des barricades de fortune faites de palettes de bois, de bidons et autres brouettes, sur lesquelles ils ont planté des drapeaux blancs. Selon plusieurs témoignages recueillis par Europe 1, certains indépendantistes s’en sont violemment pris à des habitations des populations blanches. "C'est de la violence sauvage et des gens hystériques qui veulent vraiment tout casser et tuer du blanc ! Ils veulent tuer du blanc !" lancait Laurent, habitant de Nouméa, au micro d'Europe 1.
"C'est un état racial qui nous est proposé"
La principale figure du camp non-indépendantiste en Nouvelle-Calédonie, l’ex-secrétaire d’État Sonia Backès, a dénoncé les "insultes racistes" de ceux qui ont incendié la maison de son père et un "combat ethnique". "S’il n’a pas été attaqué parce qu’il était mon père, il a au moins été attaqué parce qu’il était Blanc", a-t-elle affirmé à nos confrères de BFMTV.
"On est clairement dans un combat qui est pour eux un combat ethnique"
— BFMTV (@BFMTV) May 14, 2024
Sonia Backès, présidente de la Province Sud de la Nouvelle-Calédonie pic.twitter.com/wo4LAvWU4J
Pour Michel Onfray, nous avons ici "le signe d'une créolisation malheureuse". "C'est un état racial qui nous est proposé, c'est un État raciste qui nous est proposé. Les Blancs dehors, qu'est-ce que ça veut dire les blancs dehors ? Des gens qui sont là depuis plus d'un siècle. On n'est pas responsable de ce qu'ont fait nos parents un siècle et demi en amont, voir en 1492", a-t-il regretté. Dans ce contexte, Gabriel Attal doit à nouveau présider une cellule de crise interministérielle jeudi matin.