François Suchel a empêché le crash d’un avion. Il y a quelques années de cela, il s’est rendu compte que l’appareil, 6 minutes 23 après avoir quitté son niveau de croisière vers Zurich, volait bien trop bas. Le jeune copilote qu’il était alors avait pris les manettes des mains du commandant de bord et sauvé le vol. Un épisode invisible pour les passagers, mais qui a donné son titre à son livre publié en janvier, 6 min 23 séparent l’enfer du paradis. "C’est un événement qui a marqué ma carrière car lorsqu’on est jeune copilote, reprendre les manettes à un commandant de bord, c’est un peu inhabituel", s’est-il souvenu mardi dans la Matinale d’Europe 1.
L'importance de la communication pour l'équipage. François Suchel s’était rendu compte de l’erreur de calcul de son commandant de bord, mais n’avait pas osé le lui dire jusqu’au dernier moment, à cause d’un autre vol qui ne s’était pas très bien passé entre les deux hommes. "Cela souligne l’importance de la communication entre les membres de l’équipage", avance celui qui est aujourd’hui lui-même commandant de bord. A chaque fois ou presque, "on vole avec des gens qu’on ne connaît pas. C’est une mise en relation qui est très importante pour que l’équipage fonctionne correctement".
Georges, l'invisible pilote. Dans l'avion, il y a trois pilotes : le commandant de bord, son copilote et… Georges. Georges, c’est le surnom donné par beaucoup d’aviateurs au pilote automatique, "un animal à sang froid", "un programme bête, méchant, indomptable", comme le raconte François Suchel dans son ouvrage. Contrairement à ce que certains passagers lui disent parfois, ce programme ne décharge les pilotes ni de leur travail, ni de leurs responsabilités. "Le pilote automatique remplace notre main, mais pas notre tête. Si on lui dit de foncer dans la montagne, il fonce dans la montagne."
Ne pas faire peur aux passagers. François Suchel décrypte dans son livre certaines "phrases codées" utilisées par l’équipage pour ne pas effrayer les voyageurs. Si vous entendez par exemple que "le chef de cabine est demandé au poste", sachez qu’il s’agit plutôt d’un mauvais signe… mais qu’il n’y a pas pour autant de raisons de s’affoler.
Les pilotes, ces drôles d'oiseaux. Les pilotes, à force de passer leur vie en l’air, sont "parfois un peu déconnectés". Leur métier "fascinant" est aussi le sujet de nombreux fantasmes, selon l’auteur. "Ce que j’ai voulu montrer dans ce livre, c’est que le pilote est au coeur des enjeux du monde moderne", résume-t-il. "Il est confronté à tout un tas de problèmes. On vit dans un monde complexe, que ce soient des problèmes d’ordre géopolitique, d’ordre humain, de communication, la part de plus en plus grande de la technologie…"