C'est une réserve naturelle à laquelle les Français sont attachées. Pourtant, la biodiversité des forêts est menacée par l'industrie du bois. Sur le territoire, 3/4 des bois sont situés sur des terrains privés, précise le magazine Le Pèlerin, dont Europe 1 est partenaire. Une aubaine pour leurs propriétaires qui n'hésitent pas à réaliser des coupes rases, un processus qui consiste à couper entièrement une parcelle de forêt, de la cime jusqu'au sol. Une pratique parfois nécessaire, mais souvent abusive, jugent les militants écologistes.
"Ça n’a pas repoussé depuis la dernière coupe. Désormais, le sol est jauni", interpelle Sylvain Agerand, ingénieur forestier et coordinateur des campagnes pour Canopée, une association qui milite pour une sylviculture plus durable. Face à eux se dresse un paysage désertique. Pourtant, ici, comme le long de cette départementale en plein milieu de la Sarthe, se dressait il y a quelques mois une forêt verdoyante, qui masquait le soleil.
"Tout a été rasé"
"Ici on est sur une situation pédagogique. On est dans une forêt de l’un des principaux représentants de la filière du bois. Et tout a été rasé. Il n’y a plus un seul arbre sur plusieurs dizaines d’hectares. Et le plus grave, c’est que les souches des arbres ont été déracinées. Tout l’écosystème est cassé", souligne l'ingénieur forestier et coordinateur des campagnes pour Canopée.
Les industriels privilégient, après une coupe rase, la monoculture. L’arbre le plus souvent replanté est ainsi le douglas, un résineux qui pousse vite. Facile à travailler, il donc très prisé des exploitants de nos forêts. Une utilisation industrielle donc, qui aggrave les conséquences du changement climatique.
Impact climatique
"Quand vous rasez une forêt, vous libérez d’un seul coup le carbone qui était stocké dans les arbres et dans le sol. Et le pari qui est fait, c’est de dire : 'C’est pas grave on va replanter, les arbres vont repousser. Sauf que le deuxième problème, c’est que, les jeunes arbres sont mis en plein cagnard et bien souvent, ils meurent', souligne Sylvain Agerand.
Un constat également partagé par l'État. Dans un rapport publié en 2019, le ministère de l’Agriculture constatait ainsi une augmentation de l’échec des repousses de douglas après une coupe rase entre 2007 et 2019. Et quand ces arbres meurent, certaines parcelles, devenues non rentables sont même parfois, abandonnées par leurs propriétaires, précise l'association. Pourtant, une gestion plus durable des forêts est possible selon "Canopée". Elle conseille ainsi de "faire des petits trous" dans la forêt existante, pour que les différentes variétés d’arbres puissent cohabiter et se protéger, ainsi qu'abandonner la pratique de la coupe rase.