Tarzan, Superman, Oliver Twist... Ils sont pour beaucoup les héros de notre enfance. On en a besoin, ils ont une "fonction d'identification", a rappelé le psychiatre Boris Cyrulnik dans la Matinale d'Europe 1 jeudi. "Mais lorsqu'on est adultes et qu’on a toujours besoin de héros, c’est la preuve qu’il y a une faiblesse en nous".
L'espoir d'un sauveur. Le psychiatre, auteur de l'ouvrage Ivres paradis, bonheurs héroïques (éditions Odile Jacob), analyse cette situation d'un point de vue politique. "Lorsqu’il y a un effondrement social, on est tenté de chercher un sauveur. Beaucoup de dictateurs ont été démocratiquement élus", note Boris Cyrulnik. Le psychiatre, dont toute la famille a été tuée pendant la Seconde Guerre mondiale, cite l'exemple d'Hitler, porté au pouvoir par un peuple allemand aux espoirs perdus. "C’est la preuve d’une faiblesse sociale. On espère que cette personne va nous sauver".
L'homme providentiel, une illusion. Mais à un an de la prochaine élection présidentielle et alors que François Hollande est au plus bas dans les sondages, les Français ne croient plus vraiment à l'arrivée miraculeuse d'un homme providentiel. Pour le psychiatre, "c'est un signe de démocratie". C'est au cours de ses voyages que Boris Cyrulnik en a réellement pris conscience. "On est plus forts qu’on ne le croit. On gémit mais on n’est pas dépressifs comme on le dit souvent". Pourtant, du côté des politiques, certains se verraient bien endosser ce rôle de héros, de sauveur de la nation. "'Votez pour moi sinon ce sera le chaos', c'est la phrase du candidat futur dictateur", estime-t-il.
Les terroristes, des "héros tragiques". Dans son travail de psychiatre, Boris Cyrulnik a été amené à s'entretenir longuement avec des enfants et adolescents issus de banlieues, notamment après les attentats. "Pour certains, les Merah, Coulibaly ou Abdeslam sont des héros tragiques", constate-t-il. "Ils se disent 'Vous pensiez que Mohamed Merah était un minable mais il est craint. C'est un héros. Et moi, gosse de banlieue, je peux devenir un héros'", rapporte le psychiatre. Un discours inquiétant mais qui peut être désamorcé, rassure Boris Cyrulnik. Dans ce cas de figure, comme dans le contexte politique, la solution tient souvent à une chose : "désamorcer les émotions pour construire un dialogue".