Les Français se distinguent par leur pessimisme à propos de l'Union européenne, à moins de deux mois d'élections européennes qui n'intéressent qu'une minorité d'entre eux, selon une enquête Eurobaromètre publiée mercredi. Dans les 26 autres pays de l'Union européenne, la majorité de personnes interrogées se disent optimistes sur l'avenir du bloc, les champions de la confiance étant le Danemark, l'Irlande et la Lituanie.
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Morosité française
La France, deuxième pays le plus peuplé de l'UE après l'Allemagne, est le seul État membre où les optimistes sont minoritaires (42%), dépassés par les pessimistes (52%). Cette tendance semble avoir gagné du terrain ces dernières années, puisque 52% des Français étaient, selon un sondage de fin 2020, "très" ou "plutôt" optimistes sur l'avenir (contre 44% de pessimistes). En Allemagne, l'optimisme reste majoritaire (60%), mais il décroît aussi par rapport à 2020 (72%).
L'UE n'est toutefois pas la seule cible de cette morosité française. Car si 65% des Français pensent que "les choses vont dans la mauvaise direction dans l'UE" (contre 49% des Européens en moyenne), ils sont encore plus nombreux (76%) à penser qu'elles vont dans la mauvaise direction dans leur propre pays. Les Français expriment une inquiétude plus forte que la moyenne des Européens sur l'évolution de leur niveau de vie personnel : ils sont 69% à estimer qu'il a baissé ces cinq dernières années (contre 45% en moyenne dans l'UE). Et ils sont 53% à penser qu'il va baisser dans les cinq prochaines années (contre 32% au niveau européen).
"Pas une surprise"
Ils sont aussi plus nombreux que la moyenne européenne à avoir une image négative de l'UE, comme notamment les Autrichiens et les Tchèques, et à penser que son rôle dans le monde est devenu "moins important" ces dernières années. Les Français sont ceux qui ont la moins bonne image du Parlement européen: si elle est positive pour 41% des Européens, elle ne l'est que pour 27% des Français. Cette institution clé de l'UE recueille une opinion défavorable de 28% des Français (18% des Européens).
La majorité d'entre eux (53%) reconnaît d'ailleurs ne pas être intéressée par les élections européennes, tandis qu'en moyenne dans l'UE, 60% des citoyens le sont. Pour autant, les Français affirment à une large majorité (67%) vouloir se rendre aux urnes pour renouveler cette assemblée parlementaire, dont le siège est à Strasbourg, chargée de participer à l'adoption des législations européennes.
Et les élections européennes ?
Gros hic : seuls 8% d'entre eux connaissent la date exacte de ces élections, au suffrage universel direct à un tour, prévues le 9 juin en France (elles s'étalent entre le 6 et le 9 juin dans toute l'UE). Au niveau européen, 23% des sondés avouent n'avoir aucune idée du moment où se tiendra le scrutin, un pourcentage qui monte à 30% dans l'Hexagone. Interrogé sur cette défiance française, le porte-parole du Parlement européen, Jaume Duch Guillot, a souligné que ce n'était "pas une surprise". "C'est une tendance visible depuis ces dernières années", a-t-il commenté, sans toutefois vouloir s'avancer sur des explications.
En France, le Rassemblement national (RN, extrême droite) est donné largement vainqueur des élections européennes, avec un score de 30-32%, selon les derniers sondages, loin devant la liste de la majorité du président Emmanuel Macron (16-18%). L'enquête Eurobaromètre, commandée par le Parlement européen, a été menée auprès de 26.411 citoyens européens dans les 27 pays membres de l'UE, entre le 7 février et le 3 mars. Au total, le Parlement européen comptera 720 députés à l'issue des élections, contre 705 actuellement.