"Nous pouvons assurer la sécurité" des Jeux olympiques 2024, assurait le président de la République François Hollande en octobre 2016. Moins d'un an après les attentats du 13-Novembre et quelques mois après l'attaque de Nice, la France défendait son projet de candidature aux JO et se voulait rassurante, malgré l'ampleur de la menace terroriste. La stratégie s'est avérée payante : mercredi, la capitale française, seule en lice face à Los Angeles, a officiellement été désignée ville organisatrice des Jeux 2024. Retour sur un défi sécuritaire encore flou, pour lequel la France a fait valoir son expérience.
L'exemple réussi de l'Euro. Alors qu'elle finissait seulement d'élaborer son projet pour 2024, Paris a déjà dû organiser un événement sportif d'ampleur sous la menace terroriste : l'argument a certainement pesé dans la décision du CIO. Pour l'Euro 2016, la France a en effet mis en place un dispositif "hors normes", selon les termes du ministre des Sports de l'époque, Patrick Kanner. Pendant un mois, 90.000 personnes ont été mobilisées pour assurer la sécurité des 51 matches du championnat, dont 10.000 militaires de l'opération sentinelle.
L'exercice a permis un rodage à différents niveaux. Autour des stades, d'abord, où deux périmètres de sécurité avec palpation ont été mis en place à chaque rencontre. Des tireurs d'élite et les services de déminage étaient systématiquement présents. Les fan zones, espaces officiels accueillant des milliers de spectateurs, ont fait l'objet des mêmes points de pré-filtrage et de contrôles stricts avec, par exemple, interdiction de transporter des liquides ou d'approcher en voiture. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, la coordination de la surveillance de ces différents espaces liés à la compétition était enfin assurée par une cellule d'analyse des risques spécialement dédiée à l'évènement.
Résultat : un bilan "positif" pour le ministère de l'Intérieur. "À noter : les services de renseignement français ont permis l'arrestation de 150 individus du fait d'activités terroristes depuis le début de l'année 2016. Mené en amont de l'organisation du tournoi, ce travail très important a largement contribué au fait que l'Euro 2016 se soit déroulé dans de bonnes conditions", indiquait le gouvernement à l'issue de la compétition.
Un projet ambitieux. Un an plus tard, c'est un projet sécuritaire proche de celui de l'Euro et soulignant encore l'efficacité des services antiterroristes français qui a permis à Paris de l'emporter. Dans son projet, la ville a notamment mis en avant l'existence du plan Vigipirate, renforcé en décembre 2016, et qui permet "d'activer rapidement des mesures de protection supplémentaires, comme l'augmentation des patrouilles dans le métro, les gares et autres zones à risque."
"Comme démontré pendant l'UEFA Euro 2016, la France dispose d'un large vivier d'agents de sécurité expérimentés", note aussi le plan parisien, qui prévoit une collaboration entre sécurité publique, à l'extérieure des stades, et privée dans leur enceinte. Selon le projet, un coordinateur national pour la sécurité des Jeux (CNSJ) doit être nommé et travailler "dès 2018" pour préciser le détail des mesures de sécurité. Passé ce stade de planification, une phase de mise en oeuvre "débutera en 2022", avec un "centre de commandement de la sécurité olympique", censé fonctionner jusqu'à la fin de la compétition.
Sur le plan des effectifs, Paris prévoit de faire appel à 49.000 policiers et gendarmes en Ile-de-France, ainsi qu'à 50.000 agents de sécurité privée, rapporte Franceinfo. Coût prévisionnel : 6 milliards d'euros.
Un contexte encore flou. Mais ces chiffres s'annoncent flexibles, en fonction du contexte sécuritaire difficile à prévoir sept années à l'avance. "Je ne sais pas ce que le monde sera en 2024, mais il sera dangereux. Aucun pays, aucune capitale, ne peut penser qu'il sera immunisé", soulignait François Hollande en octobre 2016. "Mais nous avons, à cause des événements, une forme de préparation qu'aucun pays ne peut avoir."