C’est l’illustration de l’agilité des réseaux de passeurs qui s’adaptent constamment à la présence policière pour trouver de nouvelles routes. Parmi elles, celle insoupçonnée de la Suisse. Et notamment son TGV Lyria Zurich-Paris, qui effectue quatre liaisons par jour. "Depuis fin août-début septembre 2021, dans le cadre du suivi des flux migratoires à la frontière franco-germano-suisse, un nouveau phénomène, totalement atypique sur ce secteur géographique, [est] apparu", rapporte la direction centrale de la police aux frontières dans un document interne que nous avons consulté.
150 migrants interceptés par les Suisses chaque semaine
"Les migrants cherchent à pénétrer sur le territoire français au niveau de la frontière franco-suisse, notamment au niveau du département du Haut-Rhin, utilisant les grandes lignes ferroviaires comme les TGV Lyria Zurich-Paris, voyageant par groupes d’une dizaine à une vingtaine d’individus, mineurs et adultes, sans document", poursuit cette note. Le chemin est désormais bien retracé par les policiers.
Selon nos informations, ces migrants qui sont quasi-exclusivement de nationalité afghane, rejoignent la Suisse au niveau du poste frontalier austro-suisse de Buchs, près du Liechtenstein, après être passés par l’Autriche. Les Suisses ont ainsi rapporté aux autorités françaises que "plus de 150 migrants étaient interceptés chaque semaine, les majeurs étant réadmis en Autriche et les mineurs placés en foyers pour leur protection".
Le 1er décembre dernier, en gare de Lyon à Paris, 41 migrants ont été interpellés, comme l’a rapporté Le Parisien. Certains d’entre eux ont prétendu que la Suisse avait financé leur trajet. Ce que les autorités helvétiques ont démenti. Une enquête a été ouverte pour faire la lumière sur ces soupçons.
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90 migrants en trois jours
Face à la menace d’une nouvelle route, la police aux frontières a multiplié les contrôles. Et dès le lendemain, le jeudi 2 décembre, 17 clandestins afghans ont à nouveau été interceptés dans le TGV Lyria Zurich-Paris. Tous étaient porteurs d’un refus d’entrée établi par les Suisses, l’un d’entre eux ayant une carte de demandeur d’asile en Autriche. Les majeurs ont été ramenés de l’autre côté de la frontière, les mineurs ont été confiés à l’aide sociale à l’enfance (ASE). Vendredi dernier, de nouveaux contrôles ont eu lieu en gare de Lyon, à l’arrivée du Zurich-Paris. 31 afghans (13 mineurs, 18 majeurs), en situation irrégulière, ont été interpellés.
En trois jours, ce sont donc près de 90 migrants qui ont tenté d’entrer en France en empruntant cette grande ligne ferroviaire. "Les contrôles se poursuivent sur cet axe. Nous verrons si la pression des passeurs est maintenue ou si elle se déplace. Il faut constamment s’adapter", fait remarquer une source policière. Des discussions sont aussi en cours entre la Place Beauvau et les opérateurs de voyageurs pour permettre des escales de contrôles dédiés à proximité de la frontière, comme cela se fait pour les trains en provenance d’Italie.