Paru en janvier 2022, le livre "Les Fossoyeurs" mettait en lumière l'enfer vécu par les résidents des Ehpad Orpea. Presque deux ans plus tard, une nouvelle étude met à mal ces établissements de santé pour personnes âgées. Publiée par le magazine 60 millions de consommateurs, cette enquête s'est notamment penchée sur la nourriture servie à nos aînés. Le résultat : de la viande bouillie, des légumes pas cuits, une nourriture sans goût qui ne donne pas envie de manger, et des résidents parfois en dénutrition.
"14 heures d'affilée sans manger"
"Mon père, tous les jours quand je viens, je lui demande s'il a faim, il me dit que oui. Je sais que quand il n'aime pas, il ne mange pas", confie Solange, dont le père de 91 ans est dans un Ehpad situé à Toulouse. "Il ne mange pas les morceaux de viande durs comme de la brique. Il arrivait quand même à compenser avec ce qu'on lui apportait : des fruits, des gouters, tout cela pour compenser ce qu'il ne mangeait pas à côté", poursuit-elle.
Elle assure aussi que les résidents sont clairement en sous-nutrition. "Ensuite, les personnes restent 14 heures sans manger. C'est-à-dire coucher 19 heures, puis plus rien jusqu'au lendemain matin 8h30 pour le petit déjeuner. Mon père a perdu énormément de poids, une bonne quinzaine de kilos en 4-5 mois temps, mais on vous explique que c'est la pathologie, que c'est l'âge. Voilà, nos parents, nos grands-parents, ils finissent leur jour dans un véritable enfer", conclut la fille du nonagénaire.
Une perte d'autonomie
Dans cette enquête, près de la moitié des résidents interrogés assurent que leurs plats sont servis mixés en bouillies, pourtant le magazine rappelle que la nourriture mixée ne doit être réservée qu'à certains patients sur prescription médicale. Malgré cela, une infirmière d'un Ehpad parisien assure que dans son établissement, tout le monde est logé à la même enseigne.
"C'était sous forme de barquette, la viande n'était pas toujours présentable, un peu écrasée avec la sauce. On ne voyait pas vraiment ce que c'était comme viande", affirme-t-elle. "Quand les patients n'aimaient pas leurs plats, il ne pouvait pas changer, du coup, ils refusaient tout simplement de manger". L'étude assure enfin que 21 % des résidents ne finissent jamais leur assiette, ce qui n'est pas sans conséquence. Certains souffrent en effet de dénutrition qui entraîne une fonte musculaire et souvent une perte d'autonomie.