Manifestation de pompiers à Belfort en septembre 2019 (1280x640) SEBASTIEN BOZON / AFP
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Invité sur Europe 1 mardi matin, Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, a évoqué le mouvement de grève des pompiers qui dure depuis plusieurs mois. 
INTERVIEW

En grève depuis juin, les pompiers défilent à paris ce mardi après-midi. Les soldats du feu dénoncent notamment des conditions de travail dégradées. Grégory Allione, le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), était l'invité d'Europe 1 mardi matin. Il est revenu sur ce mouvement qui dure depuis maintenant plusieurs mois. 

"Une perte de valeurs dans les rangs"

"Les pompiers sont devenus l'amortisseur social, économique et psychologique de notre société", a affirmé Grégory Allione au micro d'Europe 1. "Je crois que le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a bien pris conscience de tout ce qu'il se passe dans notre univers et notamment de la sur-sollicitation", a-t-il ajouté. Le président de la FNSPF a également rappelé que 85% des pompiers en France sont des pompiers volontaires, c'est-à-dire "madame et monsieur tout le monde". "Ce sont des gens qui ont une activité professionnelle et qui mettent leur vie de famille et leurs congés au service de la société". 

"Aujourd'hui, nous en avons assez de faire des missions indues, à des heures indues, parce que d'autres ne sont pas présents sur le territoire", a-t-il dénoncé. Grégory Allione a également évoqué des conditions de travail de plus en plus compliquées qui ne sont pas sans effets : "Aujourd'hui, nous sommes appelés pour tout et n'importe quoi. Cela a des conséquences : il y a une perte de valeurs dans les rangs et puis, le danger, c'est qu'étant appelés pour tout et n'importe quoi, nous ne réussirons pas à répondre à la véritable urgence". 

"Nous appelons au calme"

D'autant plus que les agressions à l'encontre des soldats du feu se sont multipliées. Les pompiers attendent des solutions à ce sujet : "Premièrement, nous voulons de la prévention. Il ne faut pas croire que les violences sont celles de quartiers dits sensibles, la violence s'exerce chez monsieur et madame tout le monde. Ce qui est particulièrement bizarre, c'est que le Français moyen agresse les sapeurs-pompiers aujourd'hui. Nous avons donc besoin d'entrer dans les écoles, par exemple, pour expliquer qui nous sommes et ce que nous faisons". Des moyens de dissuasion sont également sollicités : "Christophe Castaner nous permet de porter des caméras piétons, ce n'est pas la solution ultime, mais cela fait partie des dispositifs à mettre en oeuvre". Enfin, Grégory Allione a également réclamé une "réponse pénale plus accrue" : "Quand on agresse un pompier, un professeur des écoles ou un infirmier, on agresse la République. Donc nous attendons des réponses concrètes du gouvernement". 

La FNSPF n'a toutefois pas appelé à manifester, préférant jouer le médiateur entre les syndicats et le gouvernement. "Nous appelons au calme. Nous avons des organisations syndicales responsables qui ont adopté une charte de bonne conduite, mais on sait bien que dans les manifestations, nous avons toujours des trublions. Nous ne souhaitons pas que l'image des sapeurs-pompiers, qui est plutôt positive, soit entachée. Surtout au moment où nous demandons à l'Etat de nous protéger dans nos missions". Grégory Allione a également précisé que le dialogue "existait encore" avec le gouvernement en qui ils "ont encore confiance". "Nous avons laissé au gouvernement 112 jours, jusqu'au 11 janvier, pour avoir des réponses concrètes. 112 jours comme le numéro d'appel d'urgence unique que nous appelons de nos vœux".