Les sympathisants du Rassemblement national et les électeurs de Marine Le Pen adhèrent davantage aux théories du complot, y compris celle d'un complot sioniste mondial, que les autres électorats et que l'ensemble des Français, selon une étude de l'Ifop publiée mercredi. Quelque 36% des sympathisants du RN (et 31% des électeurs de sa présidente au premier tour de la présidentielle) approuvent l'idée selon laquelle "il existe un complot sioniste à l'échelle mondiale", contre 22% pour l'ensemble des Français, selon cette enquête pour la Fondation Jean-Jaurès et l'observatoire Conspiracy Watch.
La "dédiabolisation" encore inachevée. "Ce mythe conspirationniste - un des pivots de l'antisémitisme - reste prégnant au sein du RN", estime l'historienne Valérie Igounet, qui explique ces résultats par le fait que la "dédiabolisation" entamée par Marine Le Pen depuis son arrivée à la présidence en 2011, "est loin d'être achevée", même si le parti et ses dirigeants "ont rompu officiellement avec l'antisémitisme et le négationnisme". En 2011, Marine Le Pen a exclu plusieurs cadres ouvertement antisémites avant de mettre dehors en 2015 son propre père, Jean-Marie Le Pen, qui a présidé le FN (devenu RN) pendant près de 40 ans, pour ses propos sur les chambres à gaz.
Adhésion à la thèse du "grand remplacement". En lien avec le thème de l'immigration, central au RN, l'adhésion à la thèse du "grand remplacement" est deux fois plus forte chez les sympathisants. 57% d'entre eux (et 50% des électeurs, contre 25% en moyenne) sont d'accord avec l'item selon lequel "l'immigration est organisée délibérément par nos élites politiques, intellectuelles et médiatiques pour aboutir à terme au remplacement de la population européenne par une population immigrée". 22% des sympathisants du RN (et 18% des électeurs, contre 10% en moyenne) considèrent aussi que l'attentat de Strasbourg en décembre est une "manipulation du gouvernement pour détourner l'attention des Français et créer de l'inquiétude (...) en plein mouvement des 'gilets jaunes'".
Enquête réalisée du 21 au 23 décembre 2018 auprès d'un échantillon de 1.506 personnes représentatif de la population française adulte, selon la méthode des quotas et complété par un échantillon de 254 personnes de moins de 35 ans (dont les résultats ont été ramenés à leur poids réel dans la population).