L'État abandonne un projet contesté de barrage sur le Rhône

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L'État a mis un terme à un projet de barrage sur l'une des dernières zones sauvages du Rhône, a annoncé vendredi la Compagnie nationale du Rhône (CNR) qui portait ce projet d'aménagement très contesté. Cette infrastructure aurait produit 140 GW/h par an et aurait lutter "contre le changement climatique". 

L'État a mis un terme à un projet de barrage sur l'une des dernières zones sauvages du Rhône, a annoncé vendredi la Compagnie nationale du Rhône (CNR) qui portait ce projet d'aménagement très contesté. "L'État a fait connaître le 29 août sa décision de ne pas poursuivre le projet de construction d'un nouvel aménagement hydroélectrique sur le Rhône, entre Saint-Romain-de-Jalionas (Isère) et Loyettes (Ain)", écrit la CNR dans un communiqué.

La CNR ajoute "prendre acte de cette décision" qui ouvre, "conformément à son contrat de concession, une nouvelle phase de discussion avec l'État pour identifier des projets alternatifs en lien avec le fleuve". Le "projet Rhônergia", dont l'idée remonte à 1935 et qui avait fait l'objet d'un premier projet abandonné en 1980, visait à construire un barrage d'ici 2033 à une quarantaine de kilomètres en amont de Lyon.

"C'est un soulagement pour la protection de la nature, de notre territoire et de notre identité"

Pour un budget estimé à 330 millions d'euros, la CNR envisageait un barrage-usine avec une chute de 6,8 mètres, une retenue de 22 kilomètres de long pour ralentir le débit du fleuve et une digue de 4 km. La CNR, qui supervise déjà 19 barrages hydroélectriques sur le Rhône, estimait que "Rhônergia" était le dernier projet de cette nature envisageable en France. Cette infrastructure aurait produit 140 GW/h par an, de quoi couvrir les besoins électriques annuels de 60.000 habitants.

Pour la CNR, ce projet aurait participé à "la lutte contre le changement climatique", au renforcement de l'indépendance énergétique de la France et à l'inflexion des coûts de l'électricité. Mais ses opposants, réunis dans un collectif qui s'est notamment fait entendre lors de la consultation publique sur le projet cet hiver, estimaient que le coût financier et environnemental du barrage était "trop important par rapport à l'énergie décarbonée" qu'il pourrait fournir.

Jérôme Grausi, maire sans étiquette de Saint-Romain-de-Jalionas (Isère), s'était érigé pour sa part contre "l'artificialisation" de son territoire, l'une des rares zones non aménagées du Rhône. Vendredi, il s'est dit "très content" de la décision de l'Etat. "C'est un soulagement pour la protection de la nature, de notre territoire et de notre identité", a-t-il déclaré à l'AFP, évoquant des vestiges gallo-romains présents sur le site.

"Maintenant, on reste vigilant", a-t-il ajouté, en mentionnant les autres projets environnants, à commencer par deux nouveaux réacteurs nucléaires EPR2 que le président Emmanuel Macron a annoncé en juin vouloir voir construire sur la centrale voisine du Bugey.