Fin juillet, les Sages ont validé la loi "anti-squat" qui triple les sanctions encourues par les squatteurs, ceux qui entrent par effraction dans un logement pour l'occuper. Ils risquent désormais jusqu'à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende. Une sécurité supplémentaire a aussi été donnée aux propriétaires face aux locataires qui ne paient plus leur loyer. Le texte inclut de manière systématique "une clause de résiliation de plein droit" et accélère les procédures judiciaires dans les litiges. Des litiges qui peuvent tourner au drame pour certains propriétaires, dépossédés de leurs biens par des escrocs. Europe 1 s'est rendue à Corbeil-Essonnes, en région parisienne, pour rencontrer une propriétaire qui a pu récupérer son appartement en mai dernier.
"Ils ont dit avec un petit sourire 'j'ai la loi pour moi' !"
"Le locataire a arraché le radiateur…" Les stigmates du cauchemar vécu par Ophélie, 55 ans et sa fille Eugénie sont encore bien présents. À 21 ans, Eugénie signe son CDI de cheminote et achète un petit deux-pièces qu'elle met en location une année, en raison de charges trop lourdes à payer. Mais dès le deuxième mois, les loyers n'arrivent pas. "Le 20 du mois, il donnait 100-150 euros sur un loyer de 800 euros. Ils ont dit qu'ils ne partiraient pas, ils ont dit avec un petit sourire 'j'ai la loi pour moi' !" s'emporte-t-elle au micro d'Europe 1.
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Plusieurs tentatives de suicide
Ophélie se plonge donc dans cette loi car il lui est impossible de récupérer les clés sans saisir la justice. "Si le juge ordonne l'expulsion des locataires, si le préfet ne le veut pas, il n'y a pas d'expulsion, l'État nous abandonne ! Tu devrais pouvoir appeler les forces de l'ordre et leur dire 'j'ai mon droit de propriété, lui n'a pas de bail, il est virable'", ajoute-t-elle.
20 mois plus tard, les procédures sont toujours en cours quand l'occupant illégal quitte les lieux de son plein gré. Deux années durant lesquelles Eugénie fait plusieurs tentatives de suicide. Bientôt, un panneau "à vendre" sera accroché au balcon de celle qui raconte ne plus croire en la justice.