Les années et les réformes passent, mais la traditionnelle épreuve de philosophie est éternelle. Ce mardi a commencé le baccalauréat pour les filières générales et technologiques. Quatre heures où les plus de 540.000 bacheliers ont planché sur les sujets suivants : "L’État nous doit-il quelque chose ?" et "La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité ?", pour la voie générale, "La nature est-elle hostile à l'homme ?" ainsi que "L'artiste est-il maître de son travail" pour la voie technologique.
Un "saut dans le vide"
Ce matin, devant le lycée Fénelon, dans le 6ᵉ arrondissement de Paris, ils étaient nombreux à réviser jusqu'au dernier moment. En ce jour pluvieux, on pouvait distinguer sous les parapluies des sourires angoissés. "Je suis très stressée, oui, je n'ai pas dormi de la nuit", admet Sarah. "Jusqu'à ce matin, dans le métro, j'ai relu des sujets, des plans, et là, je continue à réviser". Pour d'autres en revanche, la philosophie fait office de "saut dans le vide" : "C'est incontournable, tout le monde en a parlé autour de nous, donc je suis content d'en arriver là. C'est un moment important à passer, alors il faut prendre du plaisir", jure Gaspard, quelques minutes avant d'entrer dans la salle d'examen.
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À la sortie de l'épreuve, Europe 1 a tendu son micro aux bacheliers, désormais apaisés d'avoir passé cette grosse épreuve. Alice a choisi la dissertation sur la science et la vérité. "La science, on ne l'a pas vue, du coup c'est un peu compliqué. J'ai trouvé [le sujet] intéressant mais dur à répondre quand même. Ça faisait intervenir un peu tous les thèmes, mais je n'avais pas énormément de références. Mais bon, sinon ça va", se rassure la lycéenne.
Vincent s'est lui lancé sur la question "l'État nous doit-il quelque chose ?". Un sujet qu'il admet avoir trouvé "plus difficile que prévu". Malgré tout il se dit plutôt content : "J'ai fait référence à l'inscription de l'IVG dans la Constitution et je disais que l'État est capable de nous endormir ou de mentir. Sous le régime de Vichy, l'IVG était passible d'emprisonnement et de peine. Et aujourd'hui, on a fait de grandes avancées, on se rend compte que c'est inscrit dans la Constitution".
Changement d'organisation
C'est le recteur de Paris, Bernard Beignier, qui, ce mardi, a distribué les sujets dans ce lycée avec un message lui aussi très philosophique : "C'est Napoléon qui a voulu l'épreuve de philosophie. Et dans les temps que nous connaissons, cette épreuve de philosophie qui est l'épreuve de sérénité, d'interrogation sur soi-même, sur la société, prend un relief tout particulier".
Cette année a été également marquée un petit changement dans l'organisation du baccalauréat. Après l'expérimentation de la réforme Blanquer l'an dernier, qui avait placé les épreuves de spécialités en mars, ces dernières sont désormais évaluées en juin. "Cela répondait à nos attentes, on trouve que c'est une meilleure chose", soutient Nicolas Bray, proviseur du lycée Fénelon. "Cette méthode a permis que les élèves soient mobilisés un peu plus longuement, ils étaient plus investis avec ces épreuves en juin".
Après trois jours d'épreuves de spécialité, jusqu'à ce vendredi, les élèves auront à faire avec le Grand oral, qui sera organisé entre le 24 juin et le 3 juillet. Pour les élèves du baccalauréat professionnel, les écrits se poursuivront jusqu'au 26 juin.