L'Europe a connu une année 2022 plus chaude de 2,3 degrés que le climat de la fin du 19e siècle, confirmant la surchauffe du continent à un rythme deux fois plus rapide que la moyenne mondiale, qui alimente canicules et sécheresses exceptionnelles. "En 2022, l'Europe se situait à environ 2,3°C au-dessus de la moyenne pré-industrielle (1850-1900) utilisée comme référence pour l'Accord de Paris sur le changement climatique", ont annoncé lundi l'Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations-Unies et le réseau européen Copernicus dans leur bilan annuel.
En novembre, l'OMM avait déjà annoncé que l'Europe s'était réchauffée à un rythme de +0,5 degré par décennie depuis 1990, soit deux fois plus vite que la moyenne des cinq autres régions météorologiques mondiales. L'année 2022 a été la plus chaude jamais enregistrée pour la Belgique, la France, l'Allemagne, l'Irlande, l'Italie, le Luxembourg, le Portugal, l'Espagne, la Suisse et le Royaume-Uni. Sur l'ensemble de la région météorologique européenne, 2022 a été la deuxième année la plus chaude, ou la quatrième si l'on inclut le Groenland et certains territoires plus à l'est. Mais la quasi-totalité de la région a connu des températures supérieures de plus de 0,5 degré par rapport aux normales (1991-2020).
L'Europe, région du monde qui se réchauffe le plus rapidement
"L'Europe est la région du monde qui se réchauffe le plus rapidement", a rappelé le professeur Petteri Taalas, secrétaire général de l'OMM. Ces "températures élevées ont exacerbé les sécheresses intenses et généralisées, alimenté de violents incendies de forêt responsables de la deuxième plus grande surface brûlée jamais enregistrée, et fait des milliers de victimes", a-t-il souligné. D'après la base de données sur les situations d'urgence (EM-DAT), les aléas météorologiques, hydrologiques et climatiques survenus en Europe en 2022 ont affecté directement 156.000 personnes et causé 16.365 décès, quasi exclusivement en raison des vagues de chaleur. Les dommages économiques, en majorité liés à des inondations et des tempêtes, sont estimés au total à environ 2 milliards de dollars pour l'année 2022, loin toutefois des 50 milliards de l'année 2021 après des inondations exceptionnelles.
Pendant que le thermomètre grimpait, les précipitations ont été inférieures aux normales dans une grande partie de l'Europe. "Il s'agit de la quatrième année sèche consécutive dans la péninsule ibérique et de la troisième dans les régions montagneuses des Alpes et des Pyrénées", indique le bilan. La France a connu la période de janvier à septembre 2022 la plus sèche depuis 1976, de même que le Royaume-Uni pour la période de janvier à août, causant "des répercussions considérables sur l'agriculture et la production d'énergie". Les glaciers des Alpes européennes ont connu "une perte de masse record en une seule année, causée par de très faibles quantités de neige en hiver, un été très chaud et des dépôts de poussière saharienne". Depuis 1997, l'ensemble des glaciers européens ont perdu environ 880 km3 de glace.
L'espoir des renouvelables ?
Les températures moyennes à la surface de l'Atlantique nord ont été les plus chaudes jamais enregistrées, chaque vague de chaleur entraînant migrations et extinctions d'espèces et la perturbation de l'ensemble des écosystèmes marins. 2022 n'est "malheureusement pas un cas unique ou une bizarrerie du climat", a commenté Carlo Buontempo, directeur de l'observatoire du changement climatique Copernicus (C3S) de l'Union européenne. L'année "s'inscrit dans une tendance qui va rendre les épisodes extrêmes de stress thermique plus fréquents et plus intenses dans toute la région".
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En 2021, dernière année disponible pour des données consolidées, les concentrations dans l'atmosphère des trois principaux gaz à effet de serre (carbone, méthane et protoxyde d'azote) ont atteint leurs plus hauts niveaux, rappellent les deux organismes. Et en 2022, des données de plusieurs sites montrent que les émissions des trois gaz ont continué à augmenter. Rare lueur d'espoir du rapport : l'an dernier en Europe, les énergies solaires et éoliennes ont ensemble, pour la première fois, produit davantage d'électricité (22,3%) que le gaz d'origine fossile (20%) et le charbon (16%).