Il n'a pas encore été entendu par les enquêteurs. L'assaillant présumé de Levallois-Perret, où six militaires de l'opération Sentinelle ont été fauchés mercredi matin, est toujours hospitalisé à Lille après son arrestation musclée sur l'autoroute A16. Des perquisitions ont été conduites à son domicile.
Un suspect sans histoire ? L'homme a 36 ans, est Algérien et, jusqu'à mercredi, était inconnu des services de renseignement français. Sa seule trace dans les fichiers de police : une infraction à la législation sur les étrangers, ce qui indique qu'il a dû se retrouver en situation irrégulière par le passé. Mais aujourd'hui, le suspect est apparemment en règle au regard de la loi. Les enquêteurs ont passé près de six heures à son domicile de Bezons, dans le Val-d'Oise, au troisième étage d'un petit immeuble bien entretenu de quatre étages, réputé calme, où l'individu vivait depuis un ou deux ans. Les policiers sont ressortis les bras chargés de sacs.
Une véritable pharmacie à son domicile. Aucune arme n'a cependant été retrouvée, et aucun signe apparent d'un projet d'attentat n'a été décelé. Après une analyse minutieuse, l'informatique livrera peut-être ses secrets. En revanche, les enquêteurs ont mis la main sur beaucoup de médicaments, une véritable pharmacie. Selon les informations d'Europe 1 vendredi, aucune revendication ou signe de radicalisation n'a été retrouvé dans la BMW noire qui a servi à renverser les six militaires.
Des voisins partagés. Les autres habitants, calfeutrés chez eux, fouillés à l'entrée pour ceux qui rentraient du travail, n'en revenaient pas. "Je tombe de nues. Cette personne, je la côtoie très régulièrement, elle est très gentille. Je crois qu'il allait à la mosquée très régulièrement. Il y a des gens qui sont fermés, lui est plutôt avenant", rapporte un voisin de palier du suspect au micro d'Europe 1. Un autre voisin dit l'avoir entendu réciter des versets du Coran à travers la cloison, et parle d'un homme discret et poli.
A contrario, une voisine qui l'avait croisé à plusieurs reprises porte un avis bien différend sur cet individu : "C'est quelqu'un qui me paraissait un peu bizarre. Il m'avait dragué une ou deux fois dans l'ascenseur. J'ai repoussé ses avances. Je ne le sentais pas", raconte-t-elle.
Chauffeur de VTC et agent technique. L'homme était chauffeur de VTC - la BMW qui a servi à l'attaque est d'ailleurs son véhicule de service - et agent technique dans une grande surface. Il fréquentait une mosquée où ses rapports avec les fidèles se seraient dégradés. Le suspect aurait carrément signifié à l'imam qu'il souhaitait conduire la prière lui-même. Autre question sur laquelle se penchent les enquêteurs : le suspect a-t-il agi seul ou sur ordre ? Avec ou sans complice ? La police judiciaire s'intéresse à ses fréquentations mais penche plutôt, à ce stade, pour l'acte solitaire d'un homme qui a perdu pied.