En quarante ans, les choses ont bien changé. Dans les années 1970 et jusqu'au début des années 1980, le journal Libération a largement ouvert ses pages à des gens, notamment des intellectuels, qui y ont fait l'apologie de la pédocriminalité. Lundi, le quotidien de gauche a mis l'écrivain Gabriel Matzneff à la Une. Non pas pour défendre celui qui est rattrapé par ses écrits ouvertement pédophiles mais bien pour décortiquer l'affaire. "Coupable, Matzneff ? À coup sûr", écrit dans son édito Laurent Joffrin, le directeur de Libération. Qui fait le mea culpa de son journal au micro d'Europe 1.
"Libération est l'enfant de 1968"
"On a commis une erreur grave à l'époque dont on s'est expliqué", estime-t-il. "Il y avait un petit groupe de gens, d'intellectuels, qui demandaient la dépénalisation de la pédophilie. C'est vrai qu'on a publié des tribunes dans ce sens là." Notamment une, en 1977, qui sera également relayée par Le Monde, et qui réclame la remise en liberté de trois hommes accusés d'"attentats à la pudeur sans violence sur mineurs de moins de 15 ans".
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"Libération est l'enfant de 1698", rappelle aujourd'hui Laurent Joffrin. "L'idéologie était largement libertaire, très positive à beaucoup d'égards puisqu'il s'agissait de lutter pour l'égalité hommes-femmes, la dépénalisation de l'homosexualité, des choses comme ça. Et puis il y a eu cet excès, ce dérapage. Et on a eu tort, on a eu tort de ne pas prendre nos distances tout de suite."
Quarante ans plus tard, le propos ne souffre aucune équivoque. "C'était absolument illégal et moralement inacceptable", conclut Laurent Joffrin.