Les conclusions du rapport de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) sur la disparition de Steve Maia Caniço, lors de la Fête de la musique à Nantes, écartent toute responsabilité des forces de l’ordre, dont l'intervention continue de susciter la controverse. "Ce rapport est d’une partialité qui me dérange hautement", a dénoncé au micro de Pierre de Vilno, sur Europe 1, Cécile de Oliveira, l’avocate de la famille de Steve. Le Premier ministre, Édouard Philippe, qui a révélé les conclusions de l'IGPN mardi, a toutefois indiqué qu’une nouvelle inspection allait être diligentée.
"Quand il (le rapport de l'IGPN) est pris comme un élément de solidité par le Premier ministre, qui, dans le même temps, annonce qu’il va organiser une inspection générale de l’administration, j’avoue que je suis un peu surprise", relève l'avocate. "J’ai été très étonnée de voir le Premier ministre s’exposer en prenant la parole sur la base d’un rapport administratif de l’IGPN, un premier rapport fait très rapidement, et qui était détenu depuis le 16 juillet", pointe encore Cécile de Oliveira, qui met en exergue également le silence de Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur.
Après l'intervention d'Édouard Philippe, cette avocate avait déjà dénoncé mardi une "affaire d'État". "Le chef du gouvernement prend la parole sur une affaire judiciaire en cours. C’est extrêmement gênant", explicite-t-elle encore sur Europe 1, alors que le parquet de Nantes a ouvert mardi une information judiciaire "contre X" pour "homicide involontaire".
"Je crains que ce rapport ne soit rédigé d’une manière très contestable et très critiquable", poursuit-elle. Le rapport estime qu'il n'y a pas eu de charge des forces de l'ordre qui pourrait être à l'origine de la chute du jeune homme dans le fleuve, mais uniquement des tirs de gaz lacrymogène en riposte à des jets de projectile.
"Pas d’audition des témoins, y compris ceux qui se sont retrouvés dans l’eau au même moment que le pauvre Steve […], pas d’expertise balistique sur le nombre de projectiles lancés par la police pendant son intervention...", épingle notamment l'avocate. "On ne peut pas faire un rapport sur une affaire aussi complexe en quelques jours, alors que l’on n’a pas encore le corps de la victime lorsque le rapport est rédigé, donc aucun élément médico-légal", s'agace-t-elle. "Ce rapport dit notamment qu’il faut être prudent tant que l'on n’a pas les conclusions de l’enquête judiciaire."