La Convention citoyenne pour le climat a voté la mesure très clivante de la réduction de la vitesse sur autoroute, de 130 à 110 km/h. Avec 60% des voix, il s’agit de l'une des propositions les moins consensuelles, qui a donné lieu à de longs débats entre les pour et les contre. Surtout, ce serait un engagement particulièrement osé pour le gouvernement qui sort à peine de la grogne sur les 80 km/h. Cette réduction de la vitesse sur autoroute est très loin de convaincre, même au sein des associations pour la défense de l'environnement.
"Le président de la République nous a demandé de prendre des mesures radicales, c’est ce que l’on a fait", argue Marine, habitante de Metz de 21 ans. Elle n'est pas la plus emballée par la mesure mais elle tient à parler au nom de toute la Convention citoyenne dont elle fait partie. "C’est quelque chose que l’on peut mettre en place rapidement, contrairement à d’autres mesures. Ça n’est pas négligeable." Selon les experts auditionnés, cette mesure permettrait de réduire de 15 à 25% les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que la mortalité sur la route.
"Si ça braque trop de monde, c’est contre-productif"
Mais fallait-il proposer une mesure aussi clivante, qui ramène toujours l'écologie à la restriction ? "Non", répond Olivier Blond, de l'association Respire. "Il y a une question d’acceptation. Il faut réfléchir à ce que cela va représenter pour les gens. Si ça braque trop de monde, c’est contre-productif", pointe-t-il. "Il y a des manières différentes de réduire les émissions."
L'association 40 millions d'automobilistes et son délégué général Pierre Chasseray sont déjà partie en guerre contre cette idée, à coups de communiqué, d’interviews et de pétition en ligne. "En une seule journée, on a dépassé les 200.000 signatures. De mémoire de dirigeant d’association, je n’ai jamais vu ça. C’est dire à quel point c’est irritant pour les Français." Il doute néanmoins que le gouvernement reprenne cette mesure, vu la colère déjà suscitée par le passage aux 80 km/h.