Un pas de plus vers un arrêt des soins pour Vincent Lambert. Toute sa famille est convoquée mercredi par le CHU de Reims où le jeune homme en état végétatif est hospitalisé. L'équipe médicale devrait proposer un protocole de fin de vie aux proches de Vincent Lambert, qui continuent de se déchirer autour de son sort, ses parents souhaitant un maintien en vie de leur fils.
L'arrêt des soins plusieurs fois validé. Une démarche allant à l'encontre de la décision de la Cour européenne des droits de l'Homme qui a validé le 5 juin l'arrêt de son alimentation et de son hydratation artificielle. La justice européenne avait alors confirmé l'avis du Conseil d'Etat qui estimait que la continuation des soins du patient en état végétatif irréversible, selon les experts, constituait une "obstination déraisonnable".
La famille divisée. Les parents de Vincent, catholiques traditionalistes farouchement opposés à l'application de cette décision médicale, avaient demandé en vain la révision de l'arrêt de la CEDH. L'épouse de Vincent Lambert et une grande partie de ses frères et sœurs, ainsi que son neveu, ont pour leur part donner leur accord à cet arrêt des soins.
Mercredi, à l'occasion du conseil de famille, le CHU de Reims tentera "de recueillir l'avis de chacun sur cette nouvelle procédure", "tout en tenant compte des constatations du Conseil d'Etat et de la Cour européenne", a précisé l'équipe médicale dans son courrier. Dans cette lettre que la famille de Vincent Lambert a reçu, il est écrit que les médecins veulent engager une nouvelle procédure en vue d'une décision d'arrêt des traitements.
L'impossible réunion de la famille Lambert. Mais les tensions entre les membres de la famille sont si grandes que l'hôpital a choisi de jouer la carte de l'apaisement, en convoquant la femme, les parents ainsi que les frères et sœurs de Vincent Lambert à des heures distinctes. Durant ce conseil de famille, les spécialistes vont donc démontrer aux proches de Vincent Lambert, qu'il est dans un état incurable. Les médecins devraient s'appuyer sur des examens neurologiques récents. Des examens qui établissent que, contrairement à ce que veulent faire croire des vidéos diffusées ces dernières semaines, le malade a du mal à déglutir sa propre salive et ne peut en aucun cas être nourri à la cuillère. Comme le veut la loi, le CHU de Reims va aussi demander l'avis d'un médecin extérieur, avant de prendre la décision d'arrêter l'alimentation et l'hydratation du malade.
Un possible recours des parents de Vincent Lambert. "Cela pourrait donc être l'épilogue de l'affaire", veut espérer dans une tribune adressée à la presse François Lambert, neveu de Vincent, qui fait partie de ceux qui souhaitent l'interruption des traitements. Pour lui, il y a deux possibilités : "appliquer la décision" prise par l'équipe médicale en 2013 "ou en prendre une nouvelle".
Mais les parents de Vincent Lambert envisagent, eux, des poursuites si l'arrêt des soins se confirme, relançant ainsi le marathon judiciaire débuté au printemps 2013. "Si les parents ne sont pas entendus et si nous estimons que cette nouvelle procédure collégiale ne correspond pas aux droits fondamentaux de Vincent, nous saisirons le tribunal administratif", a d'ores et déjà prévenu Jean Paillot, l'avocat des parents du patient de 38 ans, ancien infirmier psychiatrique victime d'un accident de la route en 2008. Mais les juges devraient confirmer l'arrêt des soins. "On est devenus des pro de la loi Leonetti" confie un médecin. Et avec les arrêts du Conseil d'Etat et de la CEDH, rien dans la loi ne s'oppose aujourd'hui à ce qu'on laisse mourir Vincent Lambert.