La sûreté du parc nucléaire français revient sur le devant de la scène. Selon les auteurs de Nucléaire, danger immédiat, des fissures existent sur les cuves de plusieurs réacteurs. "L'accident grave devient, non plus possible, mais probable", écrivent Thierry Gadault et Hugues Demeude dans leur livre à paraître mercredi. EDF a immédiatement démenti ces accusations, menaçant les auteurs de poursuites.
La centrale du Tricastin pointée du doigt. Les auteurs indiquent que des fissures avaient été découvertes dès avant sa mise en service sur le réacteur numéro 1 de la centrale du Tricastin, dans la Drôme, et que, "au cours de la troisième visite décennale, les études ont révélé trois fissures qui n'avaient pas été notées avant". Le Tricastin est ainsi qualifiée de "pire centrale du pays" pour un ensemble de problèmes. La centrale avait été mise provisoirement à l'arrêt l'an dernier à la suite d'une demande de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour renforcer une digue jugée trop fragile au nord de l'installation.
L'ouvrage indique par ailleurs que "les autorités belges ont mis en évidence des milliers de fissures dans des endroits non inspectés en France", en raison de bulles d'hydrogène prisonnières du métal. En France, des analyses ont ensuite permis d'établir que "six cuves sont fragilisées par des fissures de même type que les défauts belges", écrivent les auteurs.
L'ASN "souhaite prendre connaissance du contenu de l'ouvrage." EDF a aussitôt démenti en affirmant qu'aucun nouveau problème n'avait été détecté sur le parc nucléaire français, composé de 58 réacteurs. "Un certain nombre de choses sont vraies et connues depuis longtemps", a indiqué Dominique Minière, directeur du parc nucléaire et thermique d'EDF, lors d'une conférence téléphonique. "Après il y a un certain nombre de faits qui sont présentés comme nouveaux et ceux-là (…) sont faux", a-t-il affirmé.
Concernant le Tricastin 1, "rien de nouveau" n'y a ainsi été mis en évidence lors de la troisième visite décennale, selon lui. "Il n'y a pas de défaut dû à l'hydrogène dans nos cuves", a-t-il encore indiqué. EDF a par ailleurs publié un communiqué pour affirmer que "la sûreté nucléaire est sa priorité absolue". L'électricien indique qu'il se réserve le droit "d'entamer des poursuites… y compris en diffamation".
Contactée, l'ASN n'a elle pas souhaité faire de commentaire dans l'immédiat. "L'ASN souhaite prendre connaissance du contenu de l'ouvrage avant toute prise de parole", indique le gendarme du nucléaire.