Quelques milliers de personnes ont commencé à manifester dimanche à Paris pour "une vraie loi climat", à la veille de l'examen à l'Assemblée du projet du gouvernement issu de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), fustigé pour son "manque d'ambition". Plus de 180 rassemblements du même type étaient prévus à travers la France comme à Bordeaux ou Toulouse afin de "relancer la dynamique citoyenne", selon Elodie Nace, d'Alternatiba, un des mouvements organisateurs. Des dizaines d'ONG, syndicats et partis ont appelé à manifester, notamment pour demander aux députés "d'améliorer" le texte gouvernemental.
Une volonté de peser sur le débat parlementaire
Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace, présent dans le cortège parisien, explique que l'objectif de cette mobilisation "est de peser effectivement sur le travail des parlementaires qui va démarrer demain en séance plénière à l'Assemblée nationale, et d'essayer de leur faire comprendre que c'est un peu la dernière chance pour faire en sorte que ce texte, ce projet de loi 'climat et résilience' soit réellement à la hauteur de l'ambition qu'il affiche".
PARIS - Forte mobilisation pour la manifestation #MarcheClimat pour une vraie #LoiClimat.
— Clément Lanot (@ClementLanot) March 28, 2021
Le projet de loi va être examiné à l'Assemblée Nationale le 29 mars.
Il est jugé « pas assez ambitieux » par les manifestants. pic.twitter.com/Wd6zd2HGQN
"Ce texte est là pour faire en sorte que la France retrouve la trajectoire de l'accord de Paris et s'achemine vers une réduction d'au moins 40% d'émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2030", a rappelé Jean François Julliard. "On a le sentiment que le gouvernement entend cette pression sociétale autour des sujets climat et environnement. Donc il est obligé d'avancer dans cette direction-là, mais il s'arrête avant d'avoir pris les bonnes mesures", estime le directeur de l'ONG.
Des parlementaires et des membres de la Convention citoyenne dans le cortège
Plusieurs parlementaires étaient d'ailleurs présents au début du cortège allant d'Odéon à République dont le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, la présidente de Génération écologie Delphine Batho, l'ex-député LREM Cédric Villani. Derrière une banderole de tête "Pour une vraie loi climat Stop au blabla" les manifestants ont commencé à marcher en scandant notamment : "so-so-solidarité, avec les citoyens, de la CCC !".
De nombreux membres de la Convention climat, exercice de démocratie participative inédit convoqué par Emmanuel Macron dont la loi "climat et résilience" du gouvernement est issue, se sont également joints au mouvement. "Il n'y a pas de négociations possible avec le climat, c'est une course contre la montre", a déclaré le réalisateur et militant écolo Cyril Dion, qui fut "garant" de la CCC avant de dénoncer la traduction de ses propositions par l'exécutif, qui "ne permet absolument pas à la France de tenir ses objectifs" en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre".
Un sentiment partagé par Baptiste, un manifestant qui dénonce une loi "pas du tout suffisante. On reste dans un contexte où on continue d'exploiter le vivant, l'environnement. C'est un changement beaucoup plus profond qu'il faut faire". Pour d'autres manifestantes, la mobiilisation doit inciter les parlementaires à se mobiliser. "On est prêts à faire de petites choses mais si la politique ne s'y met pas on ne vas pas y arriver", estime l'une d'elle. "Si ce texte passe ça veut dire que nos élus ne sont plus en accord avec la population", considère une autre étudiante.
De nombreux rassemblements en région
De premiers rassemblements ont également eu lieu en région, comme à Saint-Etienne, où près de 400 personnes ont marché derrière une banderole "Urgence climat, il est encore temps d'agir". Le texte de loi gouvernemental est "tellement à la baisse que cela n'a plus de sens," estimait par exemple Bénédicte, une manifestante. À Toulouse, ils étaient 1.200 selon la préfecture, 2.500 d'après les organisateurs, à marcher au rythme des fanfares avec des slogans comme "la planète tu la veux bleue ou bien cuite ?".
L'affluence était à peu près la même à Bordeaux. Si la marche est festive, les manifestants dénoncent le "saccage" des propositions de la Convention citoyenne. Tandis que le maire de la ville, Pierre Hurmic, dénonce une "loi au rabais". A Lille, la maire PS Martine Aubry, le député LFI Adrien Quatennens, la députée européenne EELV et candidate aux régionales Karima Delli ou le secrétaire national du PCF Fabien Roussel étaient également présents dans un cortège d'environ un millier de personnes.
La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a de son côté défendu un nouvelle fois le texte dimanche, assurant sur France Inter qu'il resterait comme "une des plus grandes lois du quinquennat". "Le changement de dimension, on va le voir dans tous les moments de notre vie", a assuré la ministre. "Je continue à me battre pour avoir les mesures les plus ambitieuses possibles," a-t-elle poursuivi, disant "espérer" que les parlementaires pourraient encore voter certaines "avancées". Interrogée sur les manifestations contre son texte, elle estimé que "les marches pour le climat, c'est très bien qu'elles existent". "Je suis heureuse que cette préoccupation soit toujours là".