Loi Travail : au moins 153.000 manifestants en France, 77 interpellations

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Des affrontements ont eu lieu lors de la manifestation parisienne jeudi 26 mai.
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avec AFP , modifié à
De nouvelles manifestations ont eu lieu à Paris et en régions contre la loi Travail tandis que les blocages des raffineries ou des centrales nucléaires se sont poursuivis. 

Défilés à Paris et en province, sites pétroliers bloqués ou à l'arrêt, perturbations attendues dans les ports et les centrales électriques : les opposants au projet de loi Travail ont multiplié jeudi les actions pour tenter de faire vaciller la détermination du gouvernement.

Les principales infos à retenir :

  • Au moins 153.000 personnes ont manifesté selon les autorités, 300.000 selon la CGT 
  • À Paris, une manifestation a eu lieu de Bastille à Nation. Des affrontements ont éclaté
  • 12 personnes ont été interpellées à Paris, 77 sur l'ensemble du territoire
  • En plus des blocages de raffineries et dépôts de carburants, les centrales nucléaires sont aussi en grève
  • Du côté de la SNCF, 3 TGV sur 4 et 4 RER sur 5 ont circulé

• LES MANIFESTATIONS

A Paris, des affrontements entre policiers et manifestants cagoulés. L'intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU-Unef-Fidl-UNL avait appelé à une nouvelle journée nationale de mobilisation, la huitième depuis mars contre la loi Travail. Un défilé est parti à Paris vers 14 heures entre la place de la Bastille et la place de la Nation. Sur place, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a estimé que François Hollande n'avait "plus de majorité"

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Des affrontements ont éclaté lorsque des manifestants cagoulés ont quitté le trajet du cortège contre la loi Travail, brisant des vitrines et dégradant des véhicules. Une centaine de manifestants présents en tête de cortège ont emprunté une rue transversale, renversant des containers à verre et lançant des bouteilles sur des policiers, qui ont répliqué en tirant des gaz lacrymogènes. 

A l'arrivée du cortège à Nation, de nouvelles échauffourées ont eu lieu lorsque des manifestants cagoulés ont poussé un chariot de supermarché enflammé contre une paroi de plexiglas dressée par les policiers. Des manifestants ont également jeté sur les forces de l'ordre de nombreuses pierres provenant d'un mur cassé peu avant l'arrivée sur la place et s'en sont pris à des devantures de concessions automobiles et de magasins sur un boulevard proche. Les policiers ont répliqué à coups de gaz lacrymogène. Douze personnes ont été interpellées pour port d'arme prohibé et jets de projectiles. Entre 18.000 et 19.000 personnes ont participé à la manifestation, selon la police, 100.000 selon FO. 

En régions, des manifestations parfois interdites. Plusieurs manifestations ont également eu lieu dans toute la France. Dans l'ouest du pays, à Nantes, au moins 1.300 personnes ont ainsi défilé malgré une interdiction préfectorale. A Caen, près de 300 personnes ont participé à une "manifestation sauvage", après celle officielle ayant rassemblé entre 2.000 et 7.000 personnes tandis qu'à Rennes, entre 3.500 et 8.000 personnes ont défilé. Dans le sud-ouest, entre 3.000 et 13.000 personnes ont défilé à Bordeaux où des manifestants s'en sont pris à un poste de police. A Lyon aussi, les manifestants se sont donnés rendez-vous, tout comme à Clermont-Ferrand et Grenoble où les transports en commun étaient très perturbés.

Au total, au moins 153.000 personnes ont manifesté en France selon les autorités. La CGT dénombre, elle "près de 300.000 manifestants". Sur l'ensemble du territoire, 77 personnes ont été interpellées. 

• LES BLOCAGES

Raffineries bloquées, un syndicaliste blessé. Les blocages devant les raffineries de pétrole se sont aussi poursuivis. A Donges, par exemple, la raffinerie Total était "à l'arrêt complet". Le dépôt pétrolier SFDM (groupe Bolloré) situé à proximité, continuait à être bloqué pour la 10e journée consécutive par ses salariés. A Fos-sur-mer, un automobiliste a lui forcé un barrage de la CGT, faisant un blessé grave selon la police. La victime a été prise en charge par les pompiers, son pronostic vital n'est pas engagé. En Corse, les deux principaux dépôts pétroliers ont été bloqués selon la CGT, une première depuis le début du mouvement.

Ports au ralenti. L'acheminement du pétrole est encore plus compliqué avec des arrêts de travail prévus dans "la plupart des ports", à l'appel de la fédération CGT des ports et docks. A Caen, des dockers de la Brittany Ferries ont ainsi barré l'accès des camions aux bateaux à Ouistreham, port de l'agglomération caennaise. A Marseille, plus d'un millier de personnes se sont réunies dans la zone portuaire de la Joliette derrière une banderole "Marseille insoumise".

Au tour du nucléaire. Aux avant-postes dans les raffineries et les ports, la CGT a voulu propager le mouvement à un autre pôle stratégique : les centrales électriques. FO s'est associée en appelant électriciens et gaziers à marquer leur refus du projet de loi. Les 19 centrales nucléaires ont voté la grève mercredi et trois centrales thermiques étaient déjà à l'arrêt, selon la CGT. Devant la centrale de Golfech, dans le Tarn-et-Garonne, un barrage filtrant a été installé. Dans la Drôme, trois barrages filtrants ont perturbé l'accès à la centrale du Tricastin, où la production était ralentie.

>> Projet de loi El Khomri : ce qu'il pourrait changer pour les salariés, à lire ici.

Face à ces blocages, Manuel Valls a de nouveau réagi en début d'après-midi. "On ne peut pas bloquer un pays. On ne peut pas s'en prendre ainsi aux intérêts économiques de la France", a déclaré le Premier ministre lors de la séance des questions au gouvernement. 

• LES TRANSPORTS

Des perturbations. Le mouvement a enfin provoqué des perturbations dans les transports. La SNCF connaît depuis mercredi son cinquième épisode de grève depuis mars, à l'appel de la CGT-Cheminots et de SUD-rail sur des revendications à la fois sectorielles et liées au projet de loi Travail. Trois TGV sur quatre et quatre RER sur cinq ont circulé et en province, deux TER sur trois et six intercités sur dix. Mais avec environ 10% de grévistes selon la direction, la mobilisation était plus faible mercredi que la semaine dernière. 

Côté aérien, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) avait recommandé aux compagnies de réduire leurs vol de 15% à Orly, en raison d'un préavis de grève de la CGT, premier syndicat tous corps confondus dans l'aviation civile.

Côté circulation, la situation se détend en Normandie. Les ponts de Normandie et de Tancarville sur la Seine, près du Havre, ont été bloqués à l'aube par des manifestants contre la loi travail, puis les barrages ont été levés en milieu de matinée. A Rouen, le pont Flaubert, au début de la zone portuaire, axe majeur de circulation nord-sud, a également été bloqué dès l'aube, entraînant d'importants embouteillages en centre-ville.